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Offensive à Alep : "La priorité est d'évacuer les centaines de civils blessés", s'alarme Médecins sans frontières

Des milliers de Syriens fuient l'est de la ville, où l'armée de Bachar Al-Assad et les groupes rebelles se livrent à d'intenses combats. 

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des secouristes des "Casques blancs" syriens évacuent un blessé après un bombardement à Alep, le 18 novembre 2016. (BEHA EL HALEBI / ANADOLU AGENCY / AFP)

Plus de 50 000 Syriens ont fui l'offensive du régime de Bachar Al-Assad à Alep, entre le dimanche 27 et le mercredi 30 novembre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Dans cette ville, théâtre d'affrontements entre l'armée du régime et des groupes rebelles, la situation humanitaire est dramatique. 

"Plus de 2 700 personnes ont été blessées et 580 tuées entre le 23 septembre et le 16 novembre, indique Evita Mouawad, responsable de la mission de Médecins sans frontières (MSF) en Syrie, à franceinfo. Mais le bilan des combats est sans doute bien plus lourd, car il est impossible d'obtenir des chiffres exacts sur le nombre de victimes."

"Les hôpitaux manquent de tout"

Le régime Bachar Al-Assad a multiplié les frappes aériennes dans les quartiers rebelles, faisant de nombreux morts parmi les civils. Certains hôpitaux ont même été visés. MSF dénombre 35 bombardements contre des centres médicaux depuis le début du siège d'Alep, cet été. "Il est très difficile de reconstruire constamment les structures médicales, ce qui rend le travail des équipes de soins pénible", se désole Evita Mouawad.

Sans compter qu'aucune ONG n'a pu livrer de matériel médical à Alep depuis août. "Les réserves des hôpitaux se sont épuisées plus vite que prévu à cause de l'intensification des frappes, précise la responsable de MSF. Ils manquent désormais de tout, depuis les pansements et les gants jusqu'au matériel chirurgical." Les risques d'infection sont accrus, car il devient difficile de désinfecter correctement le matériel. "Tout ce que les médecins peuvent faire, c'est maintenir les patients en vie, le temps que la situation s'améliore", assure-t-elle.

Une pénurie de vivres

Le manque de nourriture est également préoccupant : Alep, qui ne dispose que de très peu de terres agricoles, importait auparavant une très grande quantité de vivres. "Depuis le début du siège, les habitants manquent de produits de base comme la farine, les fruits et les légumes, poursuit Evita Mouawad. La situation est encore plus alarmante aujourd'hui, car aucun colis humanitaire n'a pu être livré."

La responsable de MSF s'inquiète particulièrement de la situation des jeunes mères. "Elles ont du mal à allaiter parce qu'elles sont malnutries et souffrent d'anémie, souligne-t-elle. Et elles n'ont pas accès au lait maternisé pour leurs nourrissons."

Des centaines de blessés graves coincés à Alep

L'ONG réclame le droit pour les habitants de quitter Alep en toute sécurité. "Aujourd'hui, les civils risquent leur vie pour fuir les affrontements entre l'armée et les rebelles, martèle Evita Mouawad. Il est essentiel qu'ils puissent quitter la ville ou choisir d'y rester sans être visés par des tirs."

MSF souhaite surtout que les habitants puissent à nouveau avoir accès à l'aide humanitaire. "Notre priorité est d'évacuer les centaines de blessés qui ne peuvent être traités sur place, faute de moyens médicaux adéquats, rappelle la responsable de l'ONG. Sans cela, le bilan de l'offensive à Alep ne va cesser de s'alourdir."

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