La Syrie en situation de guerre civile, selon un responsable de l'ONU
SYRIE - Alors que les bombardements s'intensifient sur la ville rebelle de Haffié, un rapport de l'ONU affirme que des soldats syriens ont torturé et exécuté des enfants, et se sont servis de certains comme de "boucliers humains".
Plus de 14 100 morts. Ce décompte macabre, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) le tient quotidiennement depuis plus de quinze mois. En Syrie, le régime de Bachar Al-Assad réprime dans le sang la révolte et le pays semble s'enfoncer inexorablement dans une crise qui paraît inextricable. La journée du mardi 12 juin en est une nouvelle illustration.
• Les bombardements s'intensifient
Pour le huitième jour consécutif, l'armée syrienne a bombardé violemment la ville rebelle assiégée de Haffé, obligeant les rebelles de l'armée syrienne libre (ALS) à se retirer mardi dans la soirée. "Il y a plusieurs milliers de civils qui se retrouvent sans protection face aux milices alaouites qui encerclent la ville", s'est alarmé un porte-parole de l'ALS.
Ces derniers jours, les forces syriennes, appuyées par des chars et des hélicoptères, ont intensifié leurs bombardements des bastions rebelles dans l'est, le nord-ouest et le centre du pays, y tuant près de 300 personnes depuis samedi, selon l'OSDH. L'ONU redoute un nouveau massacre et a demandé lundi à pouvoir accéder à cette localité de la province de Lattaquié (nord-ouest).
• Les observateurs de l'ONU essuient des tirs
Les observateurs des Nations unies déployés en Syrie ont tenté de se rendre à Haffé, mais les violences les en ont empêchés. Mardi, ils "ont dû faire face à une foule en colère entourant leurs véhicules", a affirmé la Mission de supervision de l'ONU en Syrie (Misnus). Face aux jets de pierres, les observateurs ont dû rebrousser chemin. Trois de leurs véhicules ont alors essuyé des tirs. "La source des tirs n'est pas encore claire, a poursuivi la Misnus. Tous les observateurs sont maintenant dans leurs bases, sains et saufs."
• Des enfants utilisés comme "boucliers humains"
L'ONU a publié un rapport accablant sur "les enfants dans les conflits armés", mardi. Selon ce document, des soldats syriens ont torturé et exécuté sommairement des enfants et se sont servis de certains d'entre eux, âgés d'à peine 8 ans, comme de "boucliers humains" au cours de leurs opérations contre les rebelles. Les Nations unies y dénoncent le gouvernement syrien comme l'un des pires sur sa liste annuelle "de la honte" où figurent les protagonistes des pays en conflit.
Le rapport cite les circonstances d'une opération de quatre jours déclenchée le 9 mars par les forces loyalistes contre le village d'Ayn l'Arouz (nord-ouest). Les troupes gouvernementales ont raflé des dizaines de garçons âgés de 8 à 13 ans avant d'attaquer le village, selon le rapport. Ces enfants ont été ensuite "utilisés par des soldats et des miliciens comme boucliers humains, placés devant les vitres des autocars transportant les militaires pour pénétrer dans le village lors de l'assaut".
• Une situation de guerre civile
Le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a estimé mardi que la Syrie était en situation de guerre civile. "Ce qui se passe, c'est que le gouvernement syrien a perdu au profit de l'opposition de grandes parties du territoire et plusieurs villes, et qu'il veut en reprendre le contrôle", a-t-il expliqué, ajoutant : "Le niveau de violence augmente fortement."
• "Très difficile" de prolonger la mission de l'ONU
Hillary Clinton en a tiré cette conclusion. "S'il n'y a pas de changement perceptible en juillet, il sera très difficile de prolonger une mission qui est de plus en plus dangereuse pour les observateurs sur le terrain", a estimé mardi la secrétaire d'Etat américaine. L'actuel mandat de la mission onusienne, négocié pour trois mois par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, expire le 20 juillet.
"Le plan en six points déposé par M. Annan est un bon plan. Mais bien sûr il n'est pas appliqué", a déploré la chef de la diplomatie américaine, dénonçant "le mépris" de Bachar Al-Assad pour la mise en place d'un cessez-le-feu.
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