"Il aidait les enfants en leur apportant du bonheur" : en Syrie, le clown d'Alep est mort
Anas al-Basha, surnommé "le clown d'Alep", est mort mardi sous les bombes. Avec lui s'éteint l'une des seules possibilités pour les enfants d'oublier la guerre en Syrie. Sur franceinfo, son frère et l'Unicef lui rendent hommage.
Un œil vert, un œil mauve, une perruque orange, un chapeau jaune... et bien sûr, un nez rouge. C'était la tenue de travail d'Anas al-Basha. Il était surnommé "le clown d'Alep". Ce jeune homme de 24 ans a été tué mardi 29 novembre dans le quartier rebelle assiégé de Mashhad, à l’est de la ville, sous le feu des missiles russes ou des tirs du gouvernement de Bachar al-Assad.
Jouets et bonbons dans les rues, les écoles... et les sous-sols
Anas al-Basha faisait rire les enfants traumatisés par les combats et les bombardements. Sur des vidéos postées sur Youtube, on le voit danser dans une école d'Alep, chassant d'un grand coup de pied au derrière la terreur et la guerre, le temps d'un spectacle. "Il aidait les enfants en leur apportant du bonheur, témoigne son frère Mahmoud, un journaliste réfugié en Turquie. En Syrie, tout le monde s'occupe de la nourriture et du matériel médical. Mais personne ne se concentre sur les enfants, leurs espoirs et leur bonheur."
Avec son association Space of Hope, Anas intervenait dans douze écoles des quartiers est d'Alep, portant une attention particulière aux orphelins. Jusqu'en 2014, le jeune homme faisait également le clown dans les rues, distribuant jouets et bonbons. Mais avec les bombardements de plus en plus intenses, impossible de continuer. Anas change alors de stratégie : "Ils ont créé des lieux sûrs en sous-sol, pour que les enfants aient des endroits où s'amuser", raconte son frère.
Anas n'avait pas de médicaments, de vivres ou de logements d'urgence à offrir. Pourtant, ce qu'il apportait était vital, selon Juliette Touma, de l'Unicef. "Ces enfants ont vu ceux qu'ils aimaient se faire tuer. Ils ont vu leurs maisons et leurs écoles bombardées, dit-elle. Cette violence qu'ils ont vue enfants se répliquera en eux."
Si on ne donne pas aux enfants d'Alep un refuge ou une respiration, cela aura des effets sur eux à l'âge adulte
Ces trois dernières semaines, le déluge de bombes était tel qu'Anas ne pouvait plus sortir. Lundi, il laissait un message à son frère, avec en fond sonore le bruit des raids aériens. Ce fut son dernier message. Sa femme, qu'il avait épousée il y a deux mois, est encore coincée sous les bombes.
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