Guerre en Syrie : "Trois réfugiés sur quatre ont manifesté le souhait de rentrer chez eux, ce qui est énorme"
Marc Fawé, porte-parole du Haut-commissariat aux réfugiés, a évoqué la situation des réfugiés syriens sur franceinfo alors que la guerre a démarré il y a huit ans jour pour jour.
La guerre en Syrie a débuté officiellement le 14 mars 2011 et a fait près de 400 000 morts en huit ans, dont majoritairement des civils. Plus de cinq millions de Syriens ont fui le conflit. Mais il ne faut pas oublier les personnes déplacées à l’intérieur du pays, a rappelé jeudi 14 mars sur franceinfo Marc Fawé, porte-parole du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) qui estime à plus de 12 millions les personnes déplacées de force par le conflit.
"Environ 50 000 réfugiés ont décidé de rentrer chez eux aujourd’hui, dit-il, et trois réfugiés sur quatre en ont manifesté le souhait, ce qui est énorme".
franceinfo : Dans quels pays trouve-t-on le plus de réfugiés ?
Marc Fawé : Le premier pays en termes d’importance où on trouve des réfugiés est la Turquie. Aujourd’hui, il y a plus de 3,6 millions de réfugiés en Turquie. Et dans l’ensemble, 5,6 millions de personnes ont cherché l’asile et la protection dans des pays limitrophes de la Syrie. Ce qui est important aussi de garder en tête c’est que, dans cette idée de ne laisser personne derrière, il faut aussi prendre en considération les personnes qui sont déplacées à l’intérieur de leur pays. Et là, on parle de 6,2 millions de personnes. Ce qui fait un total de plus de 12 millions de personnes qui ont été déplacées de force par le conflit dans le pays. Et en plus de cela, il ne faut pas oublier non plus les populations hôtes qui accueillent les réfugiés. Il faut savoir que plus de 9 réfugiés sur 10 vivent dans les communautés libanaise, jordanienne, turque. Il y a plus ou moins 4 millions de personnes qu’on estime être en besoin d’assistance également et qui appartiennent à ces communautés locales.
Une conférence des donateurs s’est ouverte cette semaine à Bruxelles avec comme objectif de rassembler neuf milliards de dollars pour venir en aide aux réfugiés. C’est suffisant ?
Neuf milliards c’est les besoins globaux. Une partie est dédiée à la reconstruction de la Syrie et une partie est dédiée à la réponse des réfugiés (environ 5 milliards). Les besoins identifiés : un milliard de dollars pour l'éducation, 0,7 milliard de dollars pour les questions de nourriture. Comme l’objectif ce n’est pas seulement de permettre aux gens de survivre mais aussi de prospérer et de reconstruire leur vie, il faut investir aussi dans les formations professionnelles, aider les gens à créer de petites entreprises et pour cela, il faudrait aussi 700 millions de dollars.
On parle de la fin de Daech. À quelle échéance, peut-on espérer un retour massif des Syriens dans leur pays ?
À ce stade-ci, c’est un peu difficile de faire des pronostics parce que la condition essentielle fondamentale c’est que les gens se sentent en confiance pour rentrer chez eux. Et pour ça, il faut que la situation soit stabilisée en Syrie. Donc le HCR a un devoir d’informer les gens en fonction des données disponibles pour qu’ils puissent prendre une décision informée sur leur retour. Environ 50 000 réfugiés ont décidé de rentrer chez eux aujourd’hui. Trois réfugiés sur quatre en ont manifesté le souhait, ce qui est énorme. Ça veut vraiment dire qu’il y a un souhait de retour à la maison. Mais à côté de ça, les gens, surtout les jeunes garçons adultes, ont peur d’être enrôlés dans les forces armées, les pères de famille ou les mères de famille ne savent pas s’ils vont retrouver du travail sur place, dans quel état ils vont retrouver leur maison, s’il y aura une école pour accueillir leurs enfants.
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