Ils sont retenus depuis juin. Nicolas Hénin et Pierre Torrès, deux journalistes français, sont otages en Syrie, ont annoncé mercredi 9 octobre leurs familles et le ministère des Affaires étrangères. Cela porte à quatre le nombre de reporters français retenus dans le pays, après l'enlèvement, en juin également, du reporter Didier François et du photographe Edouard Elias, qui travaillent tous deux pour Europe 1.Les noms de Nicolas Hénin, reporter, et de Pierre Torrès, photographe de presse, ont été cités dans la matinée par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, sur Europe 1. Voici ce que l'on sait des circonstances de leur enlèvement.Qui sont-ils ?Pierre Torrès, 29 ans, est un photographe français freelance, qui s'est déjà rendu en Syrie en juillet 2012, dans la région de Jabal al-Zawiya, puis sur le site du massacre de Treimsa et enfin à Alep. Il avait alors été déclaré blessé à l'épaule dans cette grande ville du nord du pays, avant de donner des nouvelles plus rassurantes. Pierre Torrès a également couvert la révolution libyenne et vendu certaines de ses images à l'AFP. Nicolas Hénin, 37 ans, est le responsable du bureau de l’agence de presse Solas Films en Afrique et au Moyen-Orient depuis sept ans. Il a couvert cette région comme correspondant régulier pour Arte, Le Point, Radio France ou, plus poncutellement, diverses radio-télévisions francophones, RTBF, RTS et Radio Canada. Il effectuait, au moment de son enlèvement, son 5e séjour en Syrie depuis le début du conflit, en mars 2011.Que faisaient-ils lors de leur enlèvement ?Au moment de leur enlèvement, le 22 juin, Nicolas Hénin préparait un reportage pour Le Point et la chaîne Arte, et Pierre Torrès devait couvrir les élections organisées par la municipalité de Raqqa (nord-est). Nicolas Hénin "a été enlevé à Raqqa par des éléments non-identifiés et le journaliste photographe Pierre Torrès, qui se trouvait également dans la ville, a disparu le même jour et dans les mêmes conditions", explique Pierre-Yves Hénin, père du journaliste, sur France Inter. "Depuis nous avons eu bien sûr des bruits qui circulaient dans la ville de Raqqa, fin juin-début juillet. Ces bruits se sont taris ensuite, soit qu'ils aient été déplacés, soit parce que les conditions là-bas se sont durcies, les gens parlaient moins.""Rien n'a été indiqué de leur lieu et conditions de détention", expliquent les familles et proches des deux journalistes. Selon eux, les deux hommes ont été enlevés dans la ville de Raqqa où "divers groupes armés se disputent le contrôle" de la localité. Mais "il n'y a pas de revendication connue à ce jour". "Nous savons seulement que Nicolas et Pierre sont en vie", indiquent-ils, faisant état d'"une preuve de vie" qui leur a été communiquée par les autorités françaises en août.Pourquoi ne l'apprend-on que maintenant ?"Pour respecter la volonté des familles, l'annonce de leur enlèvement avait été différée jusqu'à présent et maintenue confidentielle jusqu'à ce jour", explique le Quai d'Orsay. Cependant, un proche de Nicolas Hénin dénonce une "boulette" de Jean-Marc Ayrault."J'ai été stupéfait qu'Ayrault sorte l'information avant le moment prévu par les familles, qui avaient décidé, en concertation avec les autorités en charge de ce dossier, de rendre l'information publique samedi à l'occasion de la remise du prix Bayeux" des correspondants de guerre, a réagi Eric de Lavarène, administrateur de Solas Films. "Quand la famille a décidé de rendre cela publique, elle s'est demandé comment, si cela n'allait pas gêner les recherches et le travail des autorités", a-t-il précisé. Et d'asséner : "C'est une boulette, il y a un réel manque de tact."L'entourage du Premier ministre explique, de son côté, qu'il n'y a eu aucune maladresse : "Il était prévu que les noms soient connus dans la semaine", affirme un conseiller à Matignon.Qu'en est-il des deux autres otages ? Didier François et Edouard Elias, respectivement grand reporter au sein de la rédaction d'Europe 1, habitué des zones sensibles, et photographe freelance parti en mission pour la radio, ont disparu depuis début juin. Ils auraient été enlevés jeudi 6 juin dans l'après-midi par quatre hommes armés entre les villes de Marea et Herbl, dans la région d'Alep. Dimanche 6 octobre, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a confirmé qu'ils étaient encore en vie.