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Cessez-le-feu en Syrie : "Cet accord montre que les Russes et les Turcs font de la diplomatie à l'ancienne"

Le cessez-le-feu global en Syrie, suite à un accord sous l'égide des Russes et des Turcs, entre en vigueur à minuit dans la nuit de jeudi à vendredi. Pour Frédéric Pichon, docteur en histoire contemporaine, cet accord est marquant par l'absence des États-Unis.

Article rédigé par franceinfo
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Vladimir Poutine (à gauche) et Recep Tayyip Erdogan, à Ankara (Turquie), le 1er décembre 2014. (TURKISH PRESIDENTIAL PALACE / MAXPPP)

En Syrie, un cessez-le-feu global entre le régime de Damas et les rebelles doit entrer en vigueur dans la soirée du jeudi 29 au vendredi 30 décembre, à minuit, avant l'ouverture de négociations de paix. L'accord a été conclu sous l'égide de la Russie et de la Turquie, sans les Etats-Unis.

Une diplomatie différente de l'Occident

"Cet accord montre que les Russes et les Turcs font de la diplomatie à l'ancienne", a commenté jeudi sur franceinfo Frédéric Pichon, docteur en histoire contemporaine, spécialiste de la Syrie. Selon lui, "la diplomatie n'a jamais consisté à rassembler des amis qui partageaient les mêmes valeurs".

La diplomatie, c'est l'art de mettre en accord des divergences énormes. Et il y en avait entre la Russie et la Turquie.

Frédéric Pichon, docteur en histoire contemporaine

sur franceinfo

La docteur en histoire estime que cet accord "montre des pratiques diplomatiques et politiques dont nous avions perdu l'habitude de mettre en œuvre, nous, en Occident."

Pour Frédéric Pichon, l'absence des Etats-Unis dans l'accord de cessez-le-feu est "la chose la plus importante à retenir." En effet, depuis plusieurs décennies, "toutes les guerres qui se menaient au Moyen-Orient l'étaient à l'initiative ou avec la garantie des Etats-Unis." Selon l'historien, Vladimir Poutine a profité d'une fenêtre de tir "où l'administration Obama n'a pas donné sa place à l'administration Trump."

Un coup de force gagnant de la Russie ?

Le spécialiste de la Syrie avance que l'absence de Washington serait due à "une défiance liée à Obama vis à vis du Moyen-Orient et son désir de se retirer de cette région où les Américains ont pris des coups." Un retrait dont profite la Russie pour "s'imposer de manière réussie dans cette trêve en Syrie."

Frédéric Pichon souligne que cet accord trouvé par les Russes est une surprise car ils "avaient mauvaise presse". La clé de cette réussite est "la chute d'Alep qui a été une démonstration de force. En Occident, les Européens en particulier, nous n'avons pas compris que pour faire de la politique, il faut instaurer un rapport de force militaire. C'est brutal mais cela marche", a conclu l'historien.

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