REPORTAGE | Gaza : une mosquée rayée de la carte
A la place de la mosquée al-Amine Mohamed, un cratère géant de cinq mètres de profondeur. C’est un avion F16 qui a transpercé le dôme et le plancher du bâtiment. A trente mètres aux alentours, on trouve partout des parpaings en miettes, des tiges de métal tordues et des planches de bois pulvérisées. Sidérés, certains voisins et fidèles viennent prendre des photos pour montrer la scène à leurs épouses qui se terrent depuis le déluge de feu de la nuit dernière.
"Je suis horrifié, choqué par ce spectacle. Je ne veux pas croire ce qui est arrivé. C’est arrivé dans notre mosquée. Un lieu que je croyais sûr. Dans cette mosquée, on ne vient que pour prier. Après chaque prière, la porte est refermée à clef. Ca n’est pas un repère de combattants, comme veut le faire croire la propagande israélienne. On sera forts. Cela prendra trois ou quatre ans mais on reconstruira notre mosquée ", commente Abou Mohamed, 53 ans. Il est un des plus vieux fidèles.
"Seul Dieu nous regarde encore"
Dans l’air, une persistante odeur de poudre. Des pages de Coran encore fumantes se mêlent aux restes d’obus. Les fidèles n’attendent pas pour déblayer, avec des pelles et des balais apportés de chez eux. C’est presque dérisoire tant la tâche est énorme. Adil, la quarantaine, observe ce triste spectacle assis sur un muret tout proche.
"Comment peut-on bombarder ainsi un lieu de culte ? C’est la maison de Dieu. Les Israéliens ne respectent rien. De toute façon, ce massacre que nous subissons, ça n’intéresse plus personne dans ce monde. Seul Dieu nous regarde encore. Je pense même qu’il y a une conspiration : Israël, les Etats-Unis et maintenant ceux qu’on croyait être nos frères arabes. Tous se dressent contre les Palestiniens », affirme-t-il.
"Evacuer ? Pour aller où ?"
Ce quadragénaire garde l’oreille collée à son téléphone mobile. Il écoute la radio du Djihad islamique et ses chants de résistance. A quelques pas, Mahmoud, 70 ans, contemple ce chaos. Sa djellaba immaculée contraste avec ce paysage calciné. Mahmoud est à bout de nerfs après plus de trois semaines de guerre : "J’ai d’abord fui mon quartier qui a été entièrement détruit par l’aviation, il y a dix jours. J’ai trouvé refuge ici, et maintenant voilà que ça bombarde ici aussi. Qu’est ce que je dois faire ? Fuir encore ? Mais pour aller où ? On est bloqués, comme pris au piège", s’insurge le vieux monsieur.
Comme pour encourager chacun à continuer à se battre et à célébrer leur foi malgré le chaos, des fidèles ont installé des tapis sur la route devant ce qui reste de la mosquée. C’est là qu’ils prieront désormais.
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