REPORTAGE | Gaza après le bombardement d'une école de l’ONU
La foule crie et s’agite dans la cour de l’hôpital Odwan à chaque arrivée d’ambulances. Sur les brancards, défilent les blessés en provenance de l’école attaquée de Beit Hanoun. Ce secteur était devenu un champ de bataille depuis une semaine qu’a débuté l’offensive terrestre. Toute la population avait fui. Ne restaient que quelques familles réfugiées dans cette école de l’ONU. Le Croissant rouge s’apprêtait à les évacuer quand l’horreur s’est produite : dix minutes de tirs d’artillerie sans interruption en direction de la cour.
"Des flaques de sang "
Hagard dans la cour de l’hôpital se trouve Hassen, 21 ans. Son tee-shirt blanc est maculé de sang. Le sang de ses proches."Cinq personnes de ma famille ont péri. Il y a aussi beaucoup de blessés. Dans cette cour, je ne voyais que des enfants qui saignaient, des flaques se sang. On a clairement été pris pour cible. J’ai essayé surtout d’évacuer ma famille. D’abord ma mère, puis mon frère qui était inconscient. Ses intestins sortaient de son ventre, mais il était toujours en vie quand je suis arrivé ici. Il est en réanimation maintenant. Je ne sais pas s’il pourra survivre. Ma sœur, elle, vient de se faire amputer des deux jambes, mais elle vit toujours" , confie le garçon.
Israël ouvre une nouvelle enquête
La zone de l’école est restée très dangereuse de nombreuses minutes après cette attaque. Les ambulances n’ont pas pu intervenir aussi vite qu’elles le souhaitaient. "Quand je suis arrivé, je n’ai vu que des morceaux de chairs et des cadavres. Je n’ai pas vu d’armes, pas vu de combattants. Non, ça n’était que des civils dans cette école, des civils qui avaient déjà fui de chez eux et qui pensaient avoir trouvé un endroit plus sûr, un refuge. Je n’ai jamais vu ça" , commente Mahad l’un des premiers secouristes arrivés sur place. Au fond de la cour de l’hôpital, des mères se frappent les joues pour signifier leur douleur. Un enfant de un an, apprend t-on, figure parmi les victimes.
Aya, la cinquantaine, essuie ses larmes avec son foulard fleuri. Elle hurle devant les caméras des journalistes qu’elle n’en peut plus, qu’elle a perdu quatre proches dont sa fille. "On voit mourir nos enfants. Vous, accepteriez-vous de voir mourir vos enfants ainsi ? On est là, et d’un coup, tout le monde meurt.C’est une injustice. Aucun dieu ne tolère ça ", crie Aya. Son mari derrière elle traite Benyamin Netanyahu et John Kerry de criminels. Le porte-parole des Nations Unies à Gaza dénonce une tragédie. Il y a parmi les victimes des employés de l’ONU.
Israël explique que l’armée avait demandé depuis longtemps l’évacuation de cette école, et que le quartier de Beit Hanoun est une zone d’où continuent de partir des roquettes. Le gouvernement promet une enquête. C’est déjà ce qu’il avait fait il y a huit jours quand quatre enfants ont été abattus alors qu’ils jouaient au football sur une plage de Gaza.
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