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Réfugiés accueillis en Allemagne : "Ils ont bien le droit de vivre"

Trente-deux Syriens partis d’Istanbul, en Turquie, sont arrivés hier à Friedland, au centre de l’Allemagne, à 15 kilomètres de Göttingen (Basse-Saxe). Ils sont les premiers à être accueillis dans le pays, après l’accord conclu le 18 mars entre l’Union européenne et la Turquie. Sébastien Baer a assisté à leur arrivée.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (L'arrivée des Syriens au camp de Friedland (Basse-Saxe) © Radio France / Sébastien Baer)

Pas sûr que ces Syriens réalisent l’importance de l’événement. Pourtant, ces 16 adultes et 16 enfants qui viennent d’arriver au camp de Friedland (Basse-Saxe) sont les premiers à arriver par avion en Allemagne et non par la route des Balkans.

Réfugiés syriens accueillis en Allemagne : "Ils ont bien le droit de vivre" - reportage Sébastien Baer
  (Heinrich Hörnschemeyer, le directeur du camp d'accueil de Friedland © Radio France / Sébastien Baer)

Encore engourdis par les huit heures de voyage, d’Istanbul à Friedland, les réfugiés descendent du car, accueillis par le directeur du centre d'accueil et la représentante des autorités de la région. L’arrivée des Syriens a dû être organisée à la hâte explique Hannah Buschmann, qui représente la région. "Nous avons  été prévenus jeudi dernier, jeudi après-midi, ça nous a laissé peu de temps. D’habitude, on est au courant 2 à 3 mois à l’avance. Il a fallu chercher des logements qui pouvaient accueillir suffisamment de personnes et trouver des interprètes en nombre suffisant, organiser des examens médicaux. Mais tout se passe sans problème ."

  (Une aire de jeu dans le camp de Friedland © Radio France / Sébastien Baer)

Passé mouvementé

Tout se passe bien, insiste Hannah Buschmann, pourtant c’était loin d’être une évidence. Car en fin d’année dernière, le village est devenu le symbole –pour les adversaires d’Angela Merkel- des ratés de la politique d’accueil. Trop de migrants arrivés trop vite. Et un centre surpeuplé avec 3 500 personnes, cinq fois plus que la capacité d’accueil. Avec, en parallèle, des délits ou des petits larcins attribués aux migrants, des vols, des dégradations. Mais depuis la situation s’est apaisée car des mesures ont été prises rappelle le maire, Andreas Friedrichs. "Quand c’est devenu critique, nous avons organisé des réunions, les représentants politiques sont venus. On a aussi laissé les lampadaires allumés la nuit, on a fait des rondes le soir et renforcé la présence policière. Il fallait que l’on réagisse alors que la population était exaspérée et qu’elle nous disait "s’il vous plait, aidez-nous ".

  (Des enfants dans le camp de Friedland (Basse-Saxe) © Radio France / Sébastien Baer)

Et maintenant la culture de l’accueil existe à nouveau, comme avant. A l’intérieur du camp aussi, des mesures ont été prises. Le nombre de réfugiés accueillis a fondu, passant de 3500 à 400. Certains ont été dirigés vers d’autres centres. Et tout est devenu beaucoup plus facile, raconte le directeur, Heinrich Hörnschemeyer. "Maintenant, on a de la place, les gens n’ont pas besoin d’attendre quand on attribue les logements, ils n’ont pas besoin de faire la queue pour recevoir leur argent de poche. Avant, il fallait patienter longtemps avant de prendre son repas ou de s’enregistrer. Je crois que l’on ne revivra plus de situation comme celle de la fin d’année dernière ."

Habitants satisfaits

Depuis le départ de 3.000 réfugiés, depuis que le camp a retrouvé une jauge normale, les habitants ont retrouvé le sourire et leur sens de l’accueil légendaire. La cohabitation est redevenue harmonieuse raconte Ann-Grete. Elle a 76 ans, elle est née à Friedland. "Tout est normal, on ne remarque plus les gens. Je trouve ça bien qu’ils soient là, parce que nous aussi on a vécu la guerre et on sait ce que c’est que d’avoir besoin d’aide. Certains disent qu’ils troublent le voisinage et qu’ils font des cambriolages mais je n’ai rien remarqué. Ils ont bien le droit de vivre et d’avoir un toit, comme nous. C’est juste dommage pour la langue, on ne se comprend pas. " Il faut dire que Friedland a l’habitude des vagues de réfugiés. Depuis 1945, le camp a accueilli des victimes de conflits, de Hongrie, du Chili, du Vietnam et de l’Albanie.

  (Ann-Grete, 76 ans, dans son jardin de Friedland, près du camp © Radio France / Sébastien Baer)

La chancelière inflexible

Malgré les critiques, malgré la déroute de son parti aux régionales, mi-mars, la chancelière Angela Merkel ne change rien et garde le cap de sa politique migratoire. "Wir schaffen das", on va y arriver, répète la chancelière, et sa détermination impressionne Wilfried Henze, le représentant local de la CDU, le parti d’Angela Merkel. "Je trouve ça formidable, qu’elle continue. Elle a été courageuse parce qu’elle a essuyé beaucoup de critiques, y compris dans son propre parti.  Croyez-moi, pour elle, ça n’a pas été simple du tout et malgré cela, elle a persévéré. Je suis convaincu qu’au bout du compte, c’est sa politique qui va triompher. Et pour vous parler très sincèrement, je ne comprends pas que certains pays refusent d’accueillir des réfugiés. "

L’année dernière l’Allemagne a ouvert ses portes à un peu plus d’un million de réfugiés. Cette fois, le pays va accueillir, dans un premier temps, 1600 réfugiés dans le cadre de l’accord entre l’union européenne et la Turquie.

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