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L’Arabie Saoudite accueille l’accord sur le nucléaire iranien avec réalisme

Très inquiète, à priori, de la détermination de Barack Obama à parvenir à un accord sur le nucléaire avec l’Iran, l’Arabie Saoudite a fait officiellement le choix de la modération. Dans une première réaction à l’accord de Vienne, le royaume a dit vouloir bâtir de «meilleures relations» avec l’Iran. Des relations que Riyad conditionne au rétablissement du calme dans la région, notamment au Yémen.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Raid de la coalition mise sur pied par l'Arabie saoudite contre une position des Houthis soutenus par Téhéran, le 12 mai 2015, dans la capitale yéménite. (Mohamed Hammoud/Anadolu Agency)

Allié de longue date de Washington, l’Arabie Saoudite suivait d’un œil très inquiet la diplomatie de «la main tendue» de Barack Obama à l’Iran. Le royaume wahhabite redoutait tout autant que la grande puissance pétrolière chiite ne devienne nucléaire, qu’une normalisation des relations entre le «Grand Satan» américain et la République islamique à son détriment.
 
De meilleures relations avec l’Iran mais sans troubles ni ingérence
Renonçant à tirer à boulet rouge sur l’accord «historique» intervenu à Vienne avec un concurrent pétrolier, un porte-parole du royaume a aussitôt donné le ton. «Etant donné que l’Iran est un pays voisin, a-t-il dit, l’Arabie Saoudite espère bâtir avec lui de meilleures relations dans tous les domaines, sur la base du bon voisinage et de non ingérence dans les affaires internes.»
 
Une réaction mesurée, mais non dénuée d’arrières pensées. Conscient de la manne que la levée des sanctions va procurer à l’Iran, 136 milliards d’euros rien qu’en avoirs gelés depuis 1979, Riyad suggère au régime iranien de mettre ses ressources au service du développement et du peuple plutôt que de «provoquer des troubles qui susciteraient des réactions déterminées des pays de la région.»
 
Un arrêt de la guerre au Yémen, une première retombée de l’accord ?
Une manière de dire que le royaume ne baissait pas pour autant la garde, notamment dans le conflit au Yémen, où il se sent pris à revers sur son flanc sud. L’aviation saoudienne mène toujours des frappes contre les rebelles Houthis soutenus par l’Iran et vient toujours en appui aux forces loyalistes yéménites qui tentent de reprendre le contrôle total de la ville d’Aden après avoir reconquis l’aéroport. Un arrêt des combats au Yémen pourrait donc constituer un premier effet secondaire de l’accord et un test pour la suite.

Le président Barack Obama présente ses condoléances au Roi Salman Ben Abdel Aziz à Riyad, le 27 janvier 2015, après la mort de son prédecesseur, le roi Abdallah.  (Saul Loeb/AFP)
 
Une dimension que le président américain ne néglige pas. La Maison Blanche a rapporté un appel téléphonique de Barack Obama au roi Salman d’Arabie Saoudite au cours duquel les deux hommes ont «parlé de l’urgence de mettre fin aux combats au Yémen et de l’importance de s’assurer que l’aide humanitaire parvienne à tous les Yéménites.»
 
Obama soucieux de maintenir l’équilibre des forces dans la région
Dans son souci de maintenir l’équilibre des forces régionales et de rassurer les autres monarchies sunnites du Golfe, le président Obama a également appelé le prince héritier d’Abou Dhabi. Premiers à réagir à l’accord de Vienne les Emirats Arabes Unis ont reconnu eux aussi que «l’Iran pouvait avoir un rôle dans la région à condition de cesser ses ingérences dans les affaires intérieurs de l’Irak, la Syrie, le Liban et le Yémen.»
 
Pour parfaire le travail diplomatique, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, doit se rendre au Proche-Orient avec un double message aux alliés historiques : Washington va garder un œil sur «l’influence négative de l’Iran», et reste «prêt et décidé à assurer la sécurité de nos amis et alliés dans la région, Israël y compris.»

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