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Etats-Unis: un gradé américain prône l’usage de moyens militaires contre l’Iran
Nouvelle escalade verbale des Etats-Unis contre l’Iran, le chef du commandement central américain au Moyen-Orient estime que ce pays est «la plus grande menace de long terme» pour la stabilité de la région. Devant une commission du Congrès, le général Votel a même prôné l’usage de moyens militaires pour contrer la volonté d’hégémonie de la République islamique au Yémen et dans le Golfe.
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Auditionné le 29 mars 2017 par la commission des forces armées du Congrès américain, le général Joseph Votel, chef du commandement central américain au Moyen-Orient, a franchi un nouveau palier dans l'escalade entre les Etats-Unis et l’Iran.
Sur les défis auxquels sont confrontés les Etats-Unis tels que l’Etat islamique en Irak et en Syrie, l’Afghanistan, le Yémen, l’Egypte et le Sinaï, «nous faisons des progrès dans plusieurs zones, mais il reste beaucoup, beaucoup de travail à faire», a-t-il dit.
Le général prône l'usage de moyens militaires pour perturber l'activité de l'Iran
Il a toutefois insisté sur l’idée que les nuisances de l’Iran et ses alliés étaient au cœur de nombre de ces problèmes «et mon point de vue est que l’Iran constitue la plus grande menace de long terme pour la stabilité dans cette partie du monde», a-t-il martelé.
«Je crois que l’Iran opère dans ce que j’appelle une zone grise», en fournissant de l’aide logistique, en utilisant des forces supplétives et menant une cyber-activité, entre autres, a ajouté le général Votel.
«Nous devons trouver les opportunités de perturber, par des moyens militaires ou d’autres moyens, leurs activités», a encore préconisé le plus haut gradé américain en poste dans la région.
Toujours selon lui, les rebelles houthis au Yémen ont déployé «avec le soutien de l’Iran» des «missiles de défense côtière, des radars, des mines et des bateaux piégés» qui ont transité par le détroit d’Ormuz, et qui «menacent» la libre circulation en mer Rouge par le détroit stratégique de Bab al-Mandeb.
A titre d’exemple, le Général Votel a indiqué recevoir régulièrement des rapports sur l’usage par l’Iran de sa marine pour harceler les militaires américains et d’autres dans les eaux internationales au large de ses côtes. «Trois cents incidents pour la seule année passée», a-t-il précisé.
Les révélations du «Canard enchaîné» sur le «militarisme» de Trump
Ces déclarations viennent corroborer les dernières révélations du Canard enchaîné dans un article sur «le militarisme de l’administration Trump».
Selon un rapport des services américains daté du 21 mars 2017 et parvenu à Paris grâce à la direction du renseignement militaire, «l’Iran livre actuellement à la rébellion yéménite des armes modernes: missiles antichars, missiles sol-sol, drones-tueurs. Et, venus de Téhéran, des conseillers sont en train de former les utilisateurs de cette quincaillerie», écrit le journal satirique français.
Des informations qui interviennent au moment où le président Donald Trump a décidé d’accorder une certaine autonomie à tous les hauts responsables militaires sur leur théâtre d’opération.
Les militaires «n’ont plus à demander à des trentenaires» de la Maison Blanche «la permission de répondre à une attaque en Afghanistan», s’est félicité le sénateur républicain John McCain, le puissant président de la commission des Forces armées du Sénat, rapporte l’AFP.
Un porte-parole du Pentagone a même confirmé que le secrétaire à la Défense, «Jim Mattis, a reçu la latitude pour conduire les opérations militaires de la manière qu’il considère être la meilleure.»
La crainte de voir les dérapages se multiplier
Le Commandement central américain (Centcom) est responsable de la sécurité des intérêts de Washington dans une zone qui s’étend du Golfe Persique à l’Asie centrale. Il dispose de plus de 80 000 hommes sur terre, air et mer, tant pour les opérations en cours contre l’Etat islamique que pour celles contre les talibans en Afghanistan.
Après le raid de la coalition qui a fait plus de 200 morts civils à Mossoul le 17 mars, une bavure qualifiée de «terrible tragédie» par le général Votel, les observateurs craignent une multiplication des dérapages.
«Un général américain décidera-t-il, sans en référer à Trump, de couler un navire iranien qui s’approcherait des côtes du Yémen? s’interroge le Canard enchaîné. Mieux vaudrait y réfléchir à deux fois», conseille le journal.
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