Une journaliste américaine condamnée pour espionnage en Iran
Procès record, verdict express. La section 28 du tribunal révolutionnaire de Téhéran, chargée des questions de sécurité nationale, n'aura pas traîné. Chose rare semble-t-il. Après une journée de procès à huis-clos, la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, 31 ans, a été condamnée lundi à huit ans de prison pour espionnage au profit des Etats-Unis.
L'avocat de de la jeune femme a annoncé qu'il comptait faire appel. Et la jeune femme menace de se mettre en grève de la faim. Ex-miss Dakota du Nord, Roxana Saberi, née aux Etats-Unis d'un père iranien travaille comme pigiste en Iran pour des médias anglo-saxons, notamment la BBC britannique et la radio publique américaine NPR. Elle aurait d'abord avoué avoir espionné pour les Etats-Unis. Aveux forcés, elle s'est ensuite rétractée.
Les Etats-Unis avait estimé que les accusations d'espionnage ne reposaient sur “ aucun fondement ” et réclamé la remise en liberté immédiate de la journaliste, arrêtée en janvier à l'expiration de son accréditation de journaliste. La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton s'est dit “profondément déçue” : “nous allons continuer à vigoureusement faire part de nos préoccupations auprès du gouvernement iranien”, assure-t-elle. L'Iran, qui ne reconnaît pas la double-nationalité, a déjà condamné des Irano-américains, mais jamais des journalistes en exercice.
Cette condamnation intervient alors qu'une embellie semblait possible sur les relations irano-américaines, après trente ans de brouille. Depuis l'élection de Barack Obama, les Etats-Unis se sont en effet lancé dans une politique de la main tendue, qui risque bien de mourir avant d'avoir vraiment vécu.
Liberté d'expression muselée
L'approche d'élections présidentielles, dans deux mois, qui vont voir à nouveau un affrontement entre réformateurs et durs, pourrait avoir un rôle dans cette affaire. La justice étant entre les mains des derniers.
Les parents de la jeune femme se sont rendu en Iran pour tenter d'obtenir sa libération. Selon un expert, elle aurait de bonnes chances de voir sa peine réduite en appel, mais pas annulée. L'organistation Reporters sans frontières appelle à la libération de Roxana Saberi : “les autorités iraniennes usent et abusent du chef d'inculpation d'espionnage pour arrêter les journalistes et museler ainsi davantage la liberté d'expression ”, explique RSF.
Grégoire Lecalot, avec agences
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