Syrie : l'armée prend la mosquée de Deraa
L'armée syrienne a semblé aujourd'hui vouloir en finir avec un bastion de la révolte qui secoue le pays depuis six semaines. Des habitants de la ville de Deraa ont témoigné, en l'absence de la presse, soigneusement tenue à l'écart, de la violence de l'offensive.
Des blindés, qui ont commencé à prendre position lundi dernier, ont pris pour cible une colline de la vieille ville, appelée Karak : “Il semble qu'ils veuillent finir leur campagne aujourd'hui. A voir le nouveau déploiement de chars, il semble qu'ils intensifient leurs opérations aujourd'hui”, a déclaré un habitant. Les forces pro-Assad ont pris d'assaut la mosquée Omari, épicentre de la contestation. En fin de journée, des snipers étaient positionnés sur les toits du bâtiment et des agents de la police secrète et des services de sécurité ont été vus en ville.
De source médicale, 19 personnes ont déjà été tuées vendredi, alors qu'elle tentaient de pénétrer dans cette ville de 120.000 habitants pour soutenir les révoltés assiégés. Des mouvements de défense syriens des droits de l'homme font état de 62 tués. Ce dernier bilan porterait le nombre de tués à 500, en six semaines de troubles.
Les autorités syriennes ont par ailleurs arrêté deux figures de l'opposition, Hassan Abdel Azim, 81 ans, et Omar Kachach, 85 ans, ainsi que 11 femmes qui participaient à une marche de solidarité à Damas. Et selon une ONG syrienne pour les droits de l'homme, des milliers de personnes défilent ce soir à Banias, une ville côtière du pays, en criant des slogans hostiles au régime.
Pour la première fois, la communauté internationale a réagit par des mesures concrètes : les Etats-Unis ont imposé des sanctions à plusieurs personnalités, notamment le frère du dirigeant syrien, Maher, qui commande la quatrième division, unité déployée à Deraa. D'autres personnes, comme le directeur des services de renseignements sont dans le collimateur de Washington, ainsi que les Gardiens de la révolution iraniens, les Pasdaran, accusés de soutenir la répression en Syrie, ce qu'ils nient.
L'Union européenne de son côté annoncé qu'elle allait mettre en place dans les prochains jours un embargo sur les ventes d'armes à la Syrie.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.