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Stabilité et démocratie : les défis qui attendent l'armée égyptienne

C'est une tâche colossale qui attend l'armée égyptienne, à qui Hosni Moubarak a confié les rênes de l'Etat : restaurer la stabilité dans un pays secoué par de très violents heurts et emmener le peuple sur le chemin de la démocratie. A la tête Conseil suprême des forces armées, le général Tantaoui, un homme apprécié mais considéré comme rétif au changement.
Article rédigé par franceinfo
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Va-t-elle se montrer à la hauteur de l'immense espoir des Egyptiens ? La question est aujourd'hui en suspens. L'armée égyptienne a désormais les clés de l'Egypte, chargée par Hosni Moubarak de "gérer les
affaires du pays" et va donc devoir répondre aux aspirations démocratiques d'un peuple qui a enfin fait entendre sa voix.

De Barack Obama à Nicolas Sarkozy, de nombreux responsables occidentaux ont fait part de leur préoccupation : pas question que l'Egypte devienne un régime militaire, il faut une réelle "transition démocratique" . Le Conseil suprême a très vite tenu à rassurer le peuple et l'Occident : dans un communiqué, l'armée "assure qu'elle ne sera pas une alternative à la légitimité voulue
par le peuple", et précise qu'elle annoncera plus tard des
"mesures" pour répondre aux demandes de "changements radicaux" des manifestants. Elle promet "une transition pacifique du pouvoir menant à une société démocratique libre", via des élections "libres et transparentes".

Pour montrer sa bonne volonté, le Conseil suprême a également levé l'état d'urgence, en vigueur depuis 30 ans dans le pays. L'armée met cependant en garde contre toute atteinte à la sécurité du pays et proclame "la nécessité d'un retour à la vie
normale".

L'incertitude règne toutefois sur la manière dont l'institution militaire,
adepte du culte du secret, s'y prendra pour gérer le pays. Appréciée - à l'inverse de la police - par la population, l'armée n'a pas dit non plus
quel processus concret elle comptait instituer pour réformer un système dont
elle est l'épine dorsale. "Le départ d'un homme n'est pas la fin de tout. Le système répressif dont
les Egyptiens ont souffert pendant trente ans n'a pas disparu", a estimé
Amnesty International.

D'autant que ce n'est guère un progressiste qui se trouve désormais à la tête de l'Egypte. Le Conseil suprême des forces armées est en effet dirigé par le maréchal Mohamed Hussein
Tantaoui, un pilier de l'appareil militaro-politique égyptien. Agé de 75 ans, il est réputé rétif
au changement.

Malgré l'aura de l'institution militaire dans l'opinion, l'austère maréchal
aux allures d'apparatchik aura du mal à rivaliser aux yeux de la jeune
génération avec les cybermilitants qui ont initié la révolte. Va-t-il réussir à emmener l'Egypte sur le chemin de la démocratie ? Les prochaines semaines s'annoncent cruciales.

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