Wassim Nasr, journaliste à France24 et expert de la mouvance jihadiste, a répondu à 4 questions pour Brut
Dans une société en pleine inquiétude face aux retours d’anciens combattants, il questionne la victoire sur l’Etat islamique.
Peut-on parler de victoire sur l’Etat islamique ?
Selon Wassim Nasr, journaliste à France24, les jihadistes ont su construire leur mythe. La prise de Mossoul en seulement 48 heures a ainsi demandée 9 mois de combat avant d’être récupérée.
Le journaliste est certain qu’ils sauront « capitaliser sur ce genre d’exploits », ce qui permettra leur retour : « Dès que la pression militaire va faiblir, ils vont faire un retour sur le terrain c’est sûr. ».
D’après lui, ce qui compte : « c’est la volonté de combattre, c’est l’idéologie. ».
Les jihadistes ont des filiales au Sinaï en Égypte, en Libye, en Somalie, au Yémen, en Afghanistan, aux Philippines. Le journaliste commente : « Certes, ils sont en train de perdre leur territoire, sanctuaire Syro-irakien, mais ils ont réussi à exporter leur idéologie bien au-delà de la Syrie et de l’Irak. ».
Ceux qui reviennent en France
Qu’ils soient hommes ou femmes, ceux qui reviennent sont incarcérés avec des peines très lourdes, souvent à l’isolement.
« Mais ça fait partie aussi des grandes questions : est ce qu’il faut les mélanger avec d’autres détenus ou les laisser entre eux ? ».
Les doutes subsistent quant à leur traitement dans ces cellules. Certains cas prouvent que le contact avec d’autres détenus leur a permis de sortir de leur idéologie.
« On sait d’expérience que lorsque les jihadistes sont mis entre eux, ils se radicalisent encore plus. On sait aussi d’expérience que des fois quand ils sont mis avec les autres, ils changent d’avis grâce au contact avec les autres. ».
Mélanger ou non : la question se pose aussi pour les enfants. Comment s’occuper d’eux ?
« On sait aujourd’hui qu’il y a à peu près 60 mineurs qui sont rentrés, qui sont traités au cas par cas. On sait aussi que pour les mineurs, à partir de 13 ans, leur cas peut être judiciarisé. ».
Ces enfants ont grandi dans des terrains en guerre, ont vu, parfois fait des horreurs, endoctrinés dès leur plus jeune âge. Ils sont tous rapatriés, mais comment les réinsérer ?
« Une fois ici en France, ils sont mis dans des familles d’accueil complètement, coupés de leur famille. Je parle famille au sens large : grands-parents, etc. L’état essaye de les réinsérer, de faire un suivi psychologique, pour trouver des solutions. Mais on a pas trouvé les réponses adéquates. Même quand ils sont mis dans des familles d’accueil, (elles) ne sont pas outillées pour faire face à ce genre de problématiques. ».
Wassim Nasr considère que ces mineurs ont été forcés : « Bien sûr, ce sont des victimes. ».
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