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Un homme d'affaires canadien veut récolter des fonds pour libérer des esclaves de l'Etat islamique

Steve Maman affirme avoir libéré 128 femmes et enfants, issus des minorités yazidies et chrétiennes, en ayant payé 1500 à 2000 euros par personne. Mais son initiative fait débat.

Article rédigé par franceinfo
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Capture d'écran de l'interview vidéo de l'homme d'affaires canadien Steve Maman, sur Radio Canada, le 17 août 2015. (RADIO CANADA)

Il se revendique d'Oscar Schindler, l'homme qui a sauvé des juifs des griffes des nazis lors de la seconde guerre mondiale, et dont Steven Spielberg a raconté la vie dans un film. L'homme d'affaires canadien Steve Maman a lancé, en juin, une collecte de fonds pour financer la libération d'esclaves du groupe Etat islamique en Irak et en Syrie. "Je suis tombé sur une photo d'enfants emprisonnés dans une cage. Je venais de voir le film La liste de Schindler (...) A ce moment-là, je me suis dit que je devais agir", raconte-t-il jeudi 20 août au Figaro.

Il affirme, vidéos à l'appui, avoir déjà libéré 128 femmes et enfants. Ces premières libérations, qui ont coûté entre 1 500 et 2 000 euros par personne, ont été financées sur ses propres deniers. Mais il espère passer à la vitesse supérieure en récoltant 10 millions de dollars canadiens (6,84 millions d'euros) en ligne via son association CYCI (Christian and Yazidi children of Iraq, les enfants chrétiens et yézidis d'Irak).

Une initiative controversée

Comment fait-il ? "Nous avons des courtiers qui se trouvent sur place, à l'intérieur du califat [le territoire contrôlé par l'Etat islamique]. Ce sont des gens qui sont évidemment de la religion de l'islam, mais qui ne sont pas nécessairement d'accord avec les pratiques envers les chrétiens et les Yézidis, qui sont retenus", explique ce juif séfarade, originaire du Maroc, à Radio Canada. Il assure ne pas savoir comment "ces courtiers" négocient avec les propriétaires d'esclaves.

Saluée par certains, son initiative est critiquée par d'autres. "En versant de l'argent contre la libération d'otages, je pense que cette initiative privée fait le jeu de Daech [l'Etat islamique]", confie le Français Jean-Charles Brisard, directeur du Centre d'analyse du terrorisme, au Figaro.

Steve Maman assure que les personnes sauvées sont rachetées à des particuliers ou à des combattants, pas aux autorités du groupe Etat islamique. "Ils vendent du pétrole, ils ont vidé les banques. Que va rapporter à Daech 2 000 ou 3 000 dollars par enfants si les fonds se retrouvent chez eux ?" minimise-t-il, rappelant que le groupe est "très riche".

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