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Trois raisons pour la France de prendre très au sérieux les menaces de l’Etat islamique

Un Français a été pris en otage en Algérie par un groupe affilié à l'Etat islamique. Cette organisation a appelé au meurtre de citoyens français. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Capture d'écran d'une vidéo montrant des combattants de l'Etat islamique, diffusée le 17 mars 2014. (AL-FURQAN MEDIA / AFP)

Un Français a été enlevé, dimanche 21 septembre, en Algérie, par un groupe qui se réclame de l'Etat islamique (EI). Ses ravisseurs menacent de le tuer si la France ne cesse pas ses frappes contre les jihadistes en Irak. Cette prise d'otages intervient alors que l'EI a, pour la première fois, directement menacé la France, dans un message audio diffusé lundi 22 septembre. L'organisation ultra-radicale appelle ses recrues à viser "en particulier les méchants et sales Français", et à les tuer "de n'importe quelle manière".

Ces menaces sont les premières formulées directement contre la France et ses ressortissants. "Elles étaient prévisibles", analyse Antoine Basbous, fondateur et directeur de l'Observatoire des pays arabes, interrogé par francetv info. La France a en effet lancé ses premières frappes aériennes contre des positions de l'Etat islamique en Irak, et prend sa part dans une coalition internationale visant à éradiquer le groupe. Après l'enlèvement d'Hervé Gourdel dimanche, francetv info vous explique pourquoi il faut prendre au sérieux les menaces de l'Etat islamique, jusque sur le territoire national. 

1Plusieurs centaines de jihadistes viennent de France

L'EI "ne pouvait pas rester sans réponse. [L'action de la France] est une déclaration de guerre. Il lance une fatwa [décision religieuse]", décrypte Louis Caprioli, ancien sous-directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Objectif : montrer que l'organisation a de l'influence, et tester ses recrues. "Il faut garder en tête que ces gens font de la communication. Tout cela participe d'une guerre psychologique. Ils s'installent sur la mappemonde, dans la case 'terreur'", souligne Antoine Basbous.

Pour cela, l'Etat islamique ne recule devant rien. Dans son message, le groupe appelle ainsi à écraser la tête du "Français infidèle", à le tuer à coups de couteau, le renverser avec sa voiture, l'étouffer, l'empoisonner. "Leur souhait, c'est l'escalade, la voiture piégée, quelqu'un comme Nemmouche", l'auteur présumé de la tuerie du Musée juif de Bruxelles (Belgique), poursuit Louis Caprioli.

Le risque est aujourd'hui bien réel. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a récemment estimé à 930 le nombre de Français ou personnes habitant en France parties faire le jihad en Syrie et en Irak. Pour Antoine Basbous, "sur le petit millier de Français qui composent leur rang, certains vont être entraînés pour mener ce genre d'attaques". 

2Les moyens financiers de l'EI sont très importants

Jusqu'où d'éventuelles actions de l'EI pourraient-elles aller ? Cela n'est qu'une question de capacités. Pour le moment, l'Etat islamique n'a pas encore de "cellule terroriste assez solide pour préparer un attentat" de grande ampleur, mais "si demain ils l'avaient, ils le feraient", assure Louis Caprioli.

Déjà, les moyens grossissent. L'Etat islamique a amassé une fortune de près de 2 milliards de dollars, rapporte France Info. Al-Qaïda n'a jamais possédé une telle somme. L'organisation, devenue "autosuffisante", peut aussi se targuer de moyens humains considérables. Selon Libération, elle rassemblerait entre 20 000 et 31 500 combattants. 

"Avec les sommes dont ils disposent, les moyens humains et la technique qu'ils enseignent à leurs recrues, ils peuvent frapper plus fort qu'Al-Qaïda, conclut Antoine Basbous. La seule question est de savoir quand." 

3Le nombre de cibles à surveiller est énorme

"Ce qui est inquiétant, c’est le nombre considérable d’objectifs à surveiller. Sur ce point, nous sommes face à un défi unique, estime Louis Caprioli, qui appelle à mieux criminaliser la consultation de sites extrémistes sur internet. Ils sont des centaines, voire des milliers, à pouvoir avoir une illumination."

Dès lors, la surveillance pour prévenir une attaque individuelle semble difficile. "Nous n'avons pas les moyens de police et de renseignements pour suivre tout le monde. Il faut savoir qu'une surveillance 24 heures sur 24 d'un individu requiert une quarantaine de fonctionnaires spécialisés", expliquait Alain Rodier, directeur de recherches chargé du terrorisme et de la criminalité organisée au CF2R, le Centre français de recherche sur le renseignement, à francetv info, le 8 septembre. 

Le gouvernement prend en tout cas la menace au sérieux. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a demandé aux préfets de renforcer la sécurité aux abords de certains bâtiments, comme les lieux de culte ou les ambassades. Il a également appelé la police et la gendarmerie à surveiller de près les filières de recrutement jihadistes. Et "même si le risque zéro n'existe pas, nous prenons 100% de précautions", a-t-il assuré. Par ailleurs, le Quai d'Orsay a invité les Français "à la plus grande prudence" dans une trentaine de pays, notamment au Maghreb, au Moyen-Orient et en Afrique. 

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