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Reprise de Palmyre : "Le groupe Etat islamique est mobile et fort"

Ancien chef de mission militaire à l'ONU, le général Dominique Trinquand fait le point, lundi sur franceinfo, sur la situation en Syrie et à Palmyre. 

Article rédigé par franceinfo
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Un soldat russe à Palmyre (Syrie), le 5 mai 2016. (VASILY MAXIMOV / AFP)

Mossoul, Raqqa, Palmyre : la lutte contre le groupe Etat islamique se fait sur plusieurs fronts en Syrie et en Irak. Des batailles complexes et loin d’être gagnées d’avance, comme en témoigne la reprise de la ville antique de Palmyre dimanche 11 décembre par les jihadistes. Le général Dominique Trinquand, ancien chef de mission militaire à l’ONU, était invité lundi soir sur franceinfo. Selon lui, le groupe Etat islamique montre sa capacité à "monter une vraie menace stratégique".

franceinfo : Reprise il y a moins d’un an par l’armée du régime syrien, Palmyre retombe aux mains du groupe Etat islamique. Comment expliquez-vous cela ?

Général Dominique Trinquand : Je l'explique par la grande capacité du groupe Etat islamique à monter une vraie menace stratégique. Je rappelle que l'organisation est actuellement encerclée à Mossoul, attaquée à Raqqa et qu’elle n’est pas présente à Alep. Alep, c’est l’objectif du gouvernement de Bachar Al-Assad, qui a dû dégarnir un certain nombre de ses troupes de Palmyre pour faire l’effort sur Alep. Les jihadistes en profitent pour concentrer leurs troupes à Deir Ezzor, entre Mossoul et Palmyre, pour attaquer Palmyre. Ils ont réussi à reprendre la ville. Ils savaient très bien que les médias occidentaux reparleraient de cet évènement.

Cela veut dire que le groupe Etat islamique est encore actif, encore mobile, encore fort ?

Il est non seulement mobile et fort mais il est capable de concentrer des forces à l’extérieur pour passer à l’offensive. C’est à la fois un signe qui marque très nettement la qualité du commandement de Daech [le groupe Etat islamique] mais aussi la liberté d’action dont il peut encore bénéficier dans la zone entre Syrie et Irak.

La guerre contre l'organisation Etat islamique risque-t-elle de durer ?

Oui. À Mossoul, on le voit, les quartiers Est n’ont pas été complètement conquis. On n’a pas entamé le plus dur, qui sont les quelques quartiers Ouest. À Raqqa, la ville est encerclée sans qu’il n’y ait aucun mouvement. Il y aura encore beaucoup à faire. Dans la mentalité des jihadistes, le fait de retarder les armées irakiennes, occidentales, est une victoire en soi. Tout le monde pense que tout va être gagné en huit jours. Non, ça va être des semaines, voire des mois de combats. Aujourd’hui, ce qui m’inquiète beaucoup, c’est qu'il n’y a pas grand-chose derrière les forces irakiennes à Mossoul, les forces antiterroristes et la Division d’or. On est en train d’user complétement cette Division. Et lorsqu’il n’y en aura plus, on en arrivera tout naturellement à dire : "Il faut que les Occidentaux viennent en renfort". Là, le groupe Etat islamique aura gagné, parce qu’il sera capable de dire : "Nous avons défait les Irakiens et maintenant, nous sommes obligés d’engager les Occidentaux dans le Cham [terme arabe désignant la zone géographique qui couvre la Syrie, le Liban, la Jordanie, Israël, la Palestine]", ce qui était leur objectif depuis plusieurs années.

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