Prix Sakharov : qui sont les deux femmes yézidies récompensées ?
Nadia Murad et Lamia Haji Bachar ont reçu le prix Sakharov mercredi 27 octobre. Un prix remis par le Parlement européen pour "la liberté de l'esprit" de ces deux femmes, rescapées du groupe État islamique. Qui sont-elles et quelle est leur histoire ?
D'esclaves sexuelles à porte-paroles des Yézidis. Nadia Murad et Lamia Haji Bachar ne sont pas des jeunes femmes comme les autres. Elles ont reçu, mercredi 27 octobre, le prix Sakharov, une distinction remise par le Parlement européen à des personnes qui se sont illustrées dans la défense des droits de l'homme.
Nadia Murad et Lamia Haji Bachar ont été esclaves de Daech. L'Europe récompense ainsi deux symboles de la communauté Yézidie, une minorité religieuse de 500 000 personnes, persécutée en Irak. Deux jeunes femmes aux histoires parallèles, mais aux souffrance communes.
Violences et viols collectifs
En août 2014, lorsque Daech arrive dans leur village de Kocho, au nord de l'Irak, tous les hommes sont tués. Comme d'autres jeunes filles, Nadia Murad et Lamia Haji Bachar sont vendues. Un calvaire de plusieurs mois commence alors : elles deviennent esclaves sexuelles. Elles sont torturées, battues et converties de force à l'Islam, reniant leur foi yézidie, une religion méprisée par le groupe État islamique.
La première chose qu'ils ont faite, c'est de nous forcer à nous convertir à l'Islam. Après, ils ont fait ce qu'ils ont voulu.
Dans un discours en décembre 2015 devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York, Nadia Murad, aujourd'hui âgée de 23 ans, évoque son mariage avec l'un de ses ravisseurs. "Incapable d'endurer tant de viols et de violence", elle décide de prendre la fuite. Grâce à l'aide d'une famille de Mossoul, Nadia obtient des papiers d'identité et parvient à s'enfuir.
Défigurée par une mine antipersonnel
Lamia Haji Bachar a 16 ans lorsqu'elle est enlevée. Elle reste captive pendant vingt mois, et tente de s'échapper à maintes reprises. Après plusieurs tentatives, elle réussit à s'enfuir, accompagnée de plusieurs personnes.
Mais elles tombent dans un champ de mines. L'une de ses amies est tuée. Lamia est grièvement blessée : défigurée, sa peau brûlée et elle perd l'usage de son oeil droit.
Dénoncer un génocide
Chacune de leur côté, elles parviennent finalement à s'enfuir. Lamia Haji Bachar vit aujourd'hui en Allemagne et préfère rester discrète. Elle voudrait devenir institutrice.
Nadia Murad milite quant à elle pour sa communauté. "Les grandes puissances ont échoué à nous sauver du génocide", a-t-elle dit en juin devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
Le génocide doit être reconnu et les coupables traduits en justice.
Actuellement 3 200 Yézidis sont toujours entre les mains de Daech. Pour que leur sort ne soit pas oublié, Nadia Murad est devenue en septembre l'ambassadrice de bonne volonté de l'ONU. Elle travaille pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains.
1. The #YazidiGenocide must be dealt with thoughtfully &other countries should join #Merkel to adopt a plan for a safe zone for #Yazidis.
— Nadia Murad (@NadiaMuradBasee) October 15, 2016
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