Le combat de Nadia Murad, ancienne esclave sexuelle de l’État islamique
Enlevée à 21 ans et vendue à l’État islamique comme esclave sexuelle, Nadia Murad a réussi à s’enfuir. Aujourd’hui, elle se bat pour venir en aide à son peuple massacré: les Yézidis.
Aujourd’hui âgée de 25 ans, Nadia Murad est une rescapée. Dans son livre "Pour que je sois la dernière", aux Éditions Fayard, elle plaide la cause de son peuple, les Yézidis, décimés par l’État islamique.
"Ils sont venus pour éradiquer les Yézidis"
En 2014, les combattants de l’État islamique arrivent à Sinjar, une ville du nord-ouest de l’Irak proche de la Syrie à forte population yézidie. Ils demandent alors aux habitants de se convertir. Face à leur refus, ils rassemblent les yézidis. 5000 hommes et adolescents sont exécutés et 6500 femmes et enfants sont réduits à l’esclavage. "Ils ont obligé les filles de neuf ans et plus à se marier (…) ils les ont vendues au marché et ont entraîné les enfants à faire la guerre", raconte Nadia.
Pour Nadia Murad, l’État islamique considère les Yézidis comme "infidèles envers Dieu". "À cause de cette différence de religion, Daesh a commis des crimes contre les Yézidis", explique a jeune femme. Selon elle, ils ne les ont pas traités de la même manière que les chrétiens ou les sunnites, auxquels ils ont laissé le choix de se convertir ou de partir. Nadia Murad raconte que son peuple a été tué, réduit en esclavage puis converti de force.
Après avoir vu six de ses frères mourir et avoir été séparée de sa mère, Nadia est envoyée à Mossoul avec les autres prisonnières, destinées aux combattants de l’État islamique. Battue et violée pendant des mois, elle est plusieurs fois vendue comme esclave sexuelle. Elle parvient à s’échapper et est recueillie par une famille d’Irakiens sunnites, qui l’aident à rejoindre le Kurdistan irakien, où elle retrouve une partie de sa famille, décimée par l’État islamique.
"Nous avons besoin de votre aide pour nous débarrasser de ce groupe terroriste"
Réfugiée en Allemagne avec sa soeur, elle commence à militer pour défendre la cause de sa communauté. Elle attire l’attention d’Amal Clooney et témoigne des sévices qui lui ont été infligés devant le Conseil de sécurité de l’ONU. En 2016, elle reçoit le prix Sakharov du Parlement européen avec Lamina Aji Bashar, une autre femme yézidie réduite à l’esclavage sexuelle par l’État islamique.
En septembre 2016, Nadia Murad devient ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies pour la dignité des victimes du trafic d’êtres humains. Dans un discours poignant, elle dénonce les crimes dont son peuple est victime, et demande l’action de la communauté internationale : "Si les décapitations, l’esclavage sexuel et le viol des enfants, si tout cela ne vous force pas à bouger, quand le ferez-vous ? Vous et vos familles ne sont pas les seuls à mériter la vie, nous méritons aussi de vivre."
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