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"Ces bombes tuent des enfants innocents" : après le début de l'offensive turque en Syrie, chaque camp compte ses morts

La Turquie poursuit son opération contre les cibles kurdes, après le début mercredi de l'offensive. L'envoyé spécial de franceinfo est sur place, à la frontière turco-syrienne, dans la ville d'Akçakale située côté turc.

Article rédigé par Matthieu Mondoloni - Marc Garvenes
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le petit Mohammed, âgé de neuf mois, est mort sous les bombardements, à Akçakale. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Les forces turques ont intensifié leur assaut vendredi 11 octobre contre les Kurdes dans le nord de la Syrie. Malgré les avertissements de la communauté internationale, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que l'offensive se poursuivrait.

Notre envoyé spécial est à la frontière turco-syrienne, dans la ville d'Akçakale situé côté turc. Une ville visée par les combattants kurdes ces derniers jours, sur la ligne de front, où les troupes turques continuent de se déployer.

Plusieurs civils tués dont un bébé

Chaque camp compte ses morts. Dans la ville turque d’Akçakale, ils sont quatre civils, victimes des tirs de mortiers des combattants kurdes. Une réponse à l’offensive du président Erdogan.

À la sortie de la mosquée, les hommes tiennent à bout de bras un petit cercueil de moins d’un mètre. Il est enveloppé dans un drapeau rouge et blanc. Sur une feuille de papier A4 accrochée sur le devant, un prénom : Mohammed. Il avait neuf mois. "On est venu prier pour lui, raconte Ahmed, un réfugié syrien. Lui aussi, il était syrien et une bombe est tombée en plein sur sa maison. Maintenant on va l’enterrer. Ces bombes tuent des enfants innocents."

Un soutien sans faille à Erdogan, malgré les morts

Pour le réfugié, les responsables ne sont pas les militaires turcs, qui ont déclenché les hostilités, mais les combattants kurdes de l’autre côté de la frontière : "Je demande à Erdogan, qui est un homme de grande valeur, de m’autoriser à rejoindre l’armée turque. Et je demande aussi aux Syriens qui sont ici de ne pas s’enfuir mais de venir prêter main forte à cette offensive."

Les affrontements se poursuivent non loin de la petite ville d’Akçakale situé côté turc, à la frontière avec la Syrie. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Juste en face, de l’autre côté de la frontière, il y a le village syrien de Tal Abyad, les combats y font rage depuis trois jours. C’est de là que vient Ahmed. Il rêve d’y retourner quand l’armée turque aura, dit-il, "finit le travail". À Akçakale, le maire de cette petite ville turque fait un discours improvisé à la fin de la prière : il assure que tous veulent la paix, mais que s’il le faut, ils sont prêts à mourir pour leur pays.

C'est l'armée turque qui nous protège

Ahmed, réfugié syrien

Alors que la foule escorte le cercueil de l’enfant vers le cimetière, les coups des canons résonnent à nouveau. Les tirs d’artillerie ont repris sur les positions kurdes, malgré les protestations d’une grande partie de la communauté occidentale.

Des hélicoptères, parfois armés de lance-roquettes, volent au dessus des habitants d’Akçakale, le 11 octobre 2019.  (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Le PKK en ligne de mire

"Les Européens ont fait 10 000 kilomètres pour amener leurs troupes en Syrie. Et aujourd’hui on en est là. Mais nous, quand on intervient, alors qu’on est un pays voisin, ils nous disent qu’on n’a pas le droit ? On ne veut pas de terroristes à la frontière !", s'emporte un homme qui veut rester anonyme.

Si quiconque essaie de s’en prendre à notre pays, on le tue

Un habitant d’Akçakale

Il dit simplement être turc et patriote : "On va éradiquer Daech, on va éradiquer les YPG et aussi le PKK. Et avec la permission de Dieu, tous les groupes terroristes".

Les funérailles se transforment en manifestation. Les participants pointent du doigt le PKK, parti des travailleurs kurdes, considéré comme une organisation terroriste par le gouvernement turc et dont la proximité avec les YPG, les combattants kurdes en Syrie, est avérée, selon Ankara. Les poings se lèvent et les slogans s'enchaînent. La foule crie sa colère et surtout son soutien à l’opération militaire du président Erdogan.

Le reportage de Matthieu Mondoloni

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