Moussavi annule la manifestation de ses partisans
Au lendemain de la manifestation qui aurait fait sept morts, la capitale iranienne retient son souffle. Tous les regards vont converger vers la place Vali Asr à la mi-journée (heure française).
Le Conseil de coordination de la propagande islamique a appelé “toutes les couches de la société” à y manifester contre les troubles de ces derniers jours. Cet organe qui dépend du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, organise les manifestations officielles du pouvoir iranien. Et il a fixé rendez-vous à ses partisans sur la place Vali Asr une heure seulement avant que ceux du principal candidat malheureux à la présidentielle, Mir Hossein Moussavi, ne s'y retrouvent.
Ce “contre-feu” allumé par le pouvoir n'est pas un coup d'essai. Le même Conseil de coordination de la propagande islamique avait organisé les contre-manifestations de 1999 qui avaient violemment étouffé le mouvement étudiant en le réprimant.
En réaction, Mir Hossein Moussavi a appelé ses partisans à annuler leur propre manifestation, “pour protéger leurs vies”. Son quartier général “appelle les gens à éviter le piège des confrontations planifiées”.
Mais tous les partisans du principal rival de Mahmoud Ahmadinejad ne sont pas du même avis et des messages circulaient sur les réseaux internet pour appeler à maintenir la manifestation.
Les médias étrangers ont été priés de remballer micros et caméras. Les journalistes doivent rester dans leurs bureaux pour couvrir les manifestations “illégales”, notamment celle des partisans de Mir Hossein Moussavi.
Les troubles sont d'autant plus à craindre que la contestation du résultat du scrutin semble s'étendre à plusieurs villes de province, comme Ispahan, Shiraz ou Machhad. Quelques incidents, moins graves que ceux de Téhéran, ont eu lieu, notamment à Shiraz (sud).
_ Dans ce contexte, l'un des principaux dissidents, le grand ayatollah Hossein Ali Montazeri a appelé “tout le monde et particulièrement la chère jeunesse à réclamer ses droits avec patience et retenue ”. Il avait précédemment eu des mots particulièrement durs sur l'élection du 12 juin.
La décision du Conseil des gardiens de procéder à un nouveau décompte partiel des voix ne devrait pas calmer les esprits. Si l'un de ses dirigeants a admis qu'il était “possible qu'il y ait des changements dans les résultats (des candidats) après cette opération”, le Conseil a d'ores et déjà prévenu qu'il était exclu d'annuler l'élection présidentielle.
Cette instance chargée de superviser les élections s'est dit prête “à recompter les suffrages dans les urnes qui sont contestés par certains candidats, en présence de représentants de ces derniers”. , assure l'un de ses dirigeants. Mais les partisans de Moussavi estiment pour la plupart que ce décompte partiel ne suffira pas et demandent un décompte général des voix.
Grégoire Lecalot, avec agences
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