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Manifestations sans témoin à Téhéran

De nombreux partisans de Mir Hossein Moussavi, qui contestent les résultats de l'élection présidentielle, seraient descendus dans les rues de Téhéran, malgré les appels de leur candidat à annuler le défilé. Plusieurs milliers de partisans du pouvoir ont aussi manifesté. Aucun incident n'est rapporté pour l'instant. Les médias étrangers ont reçu l'ordre de ne pas couvrir ces évènements.
Article rédigé par franceinfo
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Des images prises de loin, pas de gros plans, pas de son. Voilà ce que peuvent voir les téléspectateurs d'Iran et du monde entier de la manifestation organisée par le pouvoir qui a défilé aujourd'hui dans les rues de Téhéran.

Organisé dans l'urgence par le conseil de la propagande islamique, qui dépend du guide suprême, le rassemblement d'aujourd'hui est censé répondre aux défilés des partisans du candidat malheureux à la présidentielle, Mir Hossein Moussavi: celui d'hier et surtout, celui qui était prévu aujourd'hui, finalement annulé par ses organisateurs, qui craignent des affrontements. Le pouvoir a en effet appelé à manifester une heure avant les partisans de Moussavi, une heure plus tôt seulement.

Mais d'après la télévision iranienne, de nombreux partisans du candidat contestataire auraient ignoré cet appel et seraient descendus dans les rues de la capitale iranienne. Une journaliste d'une chaîne de télévision d'Etat, qui était sur place a vu “des partisans de Moussavi se rassembler (...) et ils se sont dirigés vers le nord en direction de la place Vanak", a rapporté le site Internet de la chaîne iranienne en langue anglaise PressTv.

Des défilés qui se déroulent à huis-clos. Tout comme ce week-end, le principal réseau de téléphonie mobile, contrôlé par l'Etat, a été coupé sur la capitale. Les journalistes étrangers ou les journalistes iraniens qui travaillent pour des médias étrangers ont reçu l'interdiction de couvrir toute manifestation “illégale”, ainsi que tout événement non prévu au programme du ministère de la Culture et de la guidance islamique.

Internet pour seule source

Les autorités n'ont pas coupé les accès Internet, qui reste la seule source d'information sur les événements de Téhéran. Pour suivre en direct les manifestations, et même si les informations restent parcellaires, la seule solution est le web, via le site de micro-blogging Twitter (en entrant le "hashtag" , qui regroupe tous les "tweets" sur le sujet), l'agrégateur de photos PivFog ou certains blogs, comme Tehran Live, Sidewalk Lyrics, le live-blog du Guardian (en anglais) ou le blog d'un étudiant européen sur le site d'El Pais (en espagnol).

Contestation “à la hauteur de la fraude” (Sarkozy)

Pour le moment, aucun incident n'a été signalé. Mais l'inquiétude grandit aussi bien en Iran que dans la communauté internationale.

La plupart des chancelleries occidentales font part de leur perplexité face aux résultats proclamés. Le président français, Nicolas Sarkozy, estime même que “la contestation est à la hauteur de la fraude”.

Seule la Russie, qui reçoit aujourd'hui Mahmoud Ahmadinedjad, a salué le président élu de l'Iran et souligné que l'élection présidentielle iranienne était une “affaire intérieure”. L'intéressé n'a commenté que très vaguement la situation, affirmant que “l'ère de l'impérialisme était révolue”, en référence aux commentaires des pays qui ont commenté négativement le scrutin.

Khamenei favorable au recomptage

De son côté, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'est dit favorable à un recomptage partiel des résultats de la présidentielle "si l'examen des problèmes" est concluant et "pour que tout le monde soit certain" du résultat.

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