En sous-titre de sa page d’accueil, le site lanceur d’alerte de Julian Assange arbore fièrement une citation de l’hebdomadaire américain Time magazine affirmant: «Wikileaks… pourrait devenir un outil journalistique aussi important que le Freedom of information act.» Une loi de liberté de l’information votée en 1966, en pleine guerre du Vietnam, pour garantir au public un accès aux documents de toute l’administration américaine même la plus sensible. En rendant publics des milliers de télégrammes échangés entre le ministère saoudien des Affaires étrangères et ses ambassades dans le monde ainsi qu’avec les ministères de l’Intérieur et du Renseignement, Wikileaks s’attaque une nouvelle fois de front au royaume Wahhabite. Julian Assange, cofondateur du site qui prévoit de publier encore quelque 500.000 documents, explique: «Saudi Cables a mis en lumière une dictature qui devient de plus en plus imprévisible. Cette année, elle n’a pas seulement célébré sa centième décapitation, elle est aussi devenue une menace pour ses voisins ainsi que pour elle-même.»Acheter le silence des journalistes Outre les rapports de complaisances politico-financières entretenus avec Riyad par des personnalités politiques libanaises, Amine Gemayel ou Boutros Harb, par exemple, les télégrammes révèlent aussi ceux avec la presse libanaise et arabe en général pour acheter leur silence. L’ambassadeur d’Arabie Saoudite y révèle par exemple une course entre l’Iran et l’Arabie Saoudite pour contrôler la chaîne de Pierre Daher LBCI.Lors d'un premier scoop mondial, en novembre 2010, Wikileaks s'en était déjà pris à l'Arabie Saoudite en révélant, entre autres, un télégramme selon lequel le roi Abdallah demandait à Washington de «couper la tête du serpent», à savoir «attaquer et détruire le programme nucléaire de l'Iran.»Un journal pro-iranien partenaire de l'opération La mise en garde des autorités saoudiennes contre la diffusion de documents «qui pourraient être des faux» ne suffira sans doute pas comme démenti aux révélations de Wikileaks. En revanche, le site de Julian Assange n’a pas hésité à mettre en exergue de l’enquête son partenaire libanais de l’opération : le quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah libanais, soutenu lui-même par la République Islamique d’Iran. Une illustration parfaite des difficultés que rencontrent les journalistes arabes dans l’exercice de leur fonction.