Syrie : l’Iran et le Hezbollah ne croient plus qu’à une solution militaire
En visite officielle en Iran le 26 septembre 2016, la présidente de l’Assemblée du peuple syrien, Hadiya Khalaf Abbas, a été reçu par les plus hauts responsables de la République Islamique d’Iran.
L'Iran soutiendra la Syrie jusqu'à la «victoire finale»
Depuis son homologue Ali Larijani au président Hassan Rouhani en passant par le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, Ali Shamkhani, tous l’ont assurée du soutien sans faille de Téhéran au régime de Bachar al Assad.
«La République islamique d’Iran continuera à aider la Syrie dans sa lutte contre le terrorisme et l’instauration de la sécurité dans la région», a déclaré le président iranien, insistant sur la nécessité de respecter «l’intégrité des frontières des pays da la région y compris de la Syrie».
Même le conseiller du Guide suprême Ali Khamenei, Ali Akbar Velayati, l’a reçue et assurée que l’Iran apporterait un soutien continu à la Syrie «jusqu’à la victoire finale.» «Nous soutenons fortement le gouvernement (syrien) et Bachar Al-Assad lui-même», a-t-il tenu à préciser.
De son côté rappelant les relations stratégiques liant la Syrie et la République islamique depuis la révolution de 1979, Hadiya Khalaf Abbas a salué l’aide humanitaire iranienne et l’assistance militaire apportée à son pays dans la lutte contre les terroristes.
Sur le terrain, l’engagement de Téhéran est désormais à ciel ouvert. Le Conseil National de la Résistance iranienne (opposition en exil), rapportait dès le mois de février 2016, le déploiement d’une force de quelque 60.000 combattants entre Pasdarans et miliciens chiites non-iraniens.
Les forces terrestres des Gardiens de la révolution et de la Force al-Qods Nom de Jérusalem en arabe) s’élèveraient à 8.000 soldats. «Chaque division des Pasdarans dans chaque province iranienne a l’obligation d’envoyer deux bataillons en Syrie par rotations de trois mois», précise le CNRI.
A ceux là et à l’engagement permanent des combattants du Hezbollah, la milice chiite libanaise armée et financée par Téhéran, sur tous les fronts syriens, viennent s’ajouter les miliciens chiites irakiens.
Leur nombre se monterait à 20.000 hommes répartis entre des groupes tel que «le mouvement al-Nojaba», «le corps Badr», «les bataillons de l’Imam Ali» ainsi que d'autres brigades au noms prestigieux. Des hommes convoyés généralement par avion vers Damas et payés par le gouvernement irakien et la Force iranienne Al-Qods.
L'Iran recrute des volontaires «défenseurs du mausolée»
En Iran, ces derniers temps, le recrutement se fait ouvertement au nom de la défense de la République islamique et des chiites en péril face aux extrémistes sunnites. Selon des témoignages recueillis par l’agence Reuters, les volontaires ainsi enrôlés seraient même trop nombreux désormais pour être envoyés en Syrie.
Les Iraniens, qui ne nourrissaient pas de sympathie particulière pour Bachar al-Assad et son régime, sont aujourd’hui convaincus d’être des «défenseurs du mausolée», à savoir, la mosquée de la banlieue de Damas où se trouve la sépulture de Sayyeda Zeinab, fille de l’Imam Ali et petite fille du prophète.
Face à la menace que représente l’organisation de l’Etat islamique, «la première ligne de défense de l’Iran se trouve en Syrie et en Irak», affirme un volontaire qui tente depuis deux ans de rejoindre le front.
Toujours selon Reuters, les volontaires afghans, baptisés «Fatemiyoun», combattent sous les ordres des Gardiens de la révolution. Ils sont surtout attirés par une promesse de naturalisation et par la solde de l'équivalent de 400 euros par mois. De nombreux détenus afghans de droit commun s’engagent également en échange de leur libération.
Discrète au début du soulèvement syrien anti-Bachar, l’intervention iranienne est devenue officielle à mesure que les pertes iraniennes devenaient visibles sur le terrain. Elles s’élèveraient à 400 morts, dont de nombreux gradés de la force al-Qods.
Pour le Hezbollah, «il n'existe aucune perspective de solution politique»
Mais cela ne semble pas influer sur la stratégie adoptée par Téhéran. Les assurances fournies par les plus hauts responsables iraniens à la présidente de l’Assemblée syrienne le confirment. Ainsi que les récentes déclarations du secrétaire général du Hezbollah libanais.
Constatant que la situation en Syrie devenait de plus en plus complexe en raison de la tension persistante entre Américains et Russes, Hassan Nasrallah estime qu’ «il n’existe aucune perspective de solution politique(…),le dernier mot viendra du champ de bataille», a-t-il déclaré, cité par le journal Al-Akhbar, proche de son mouvement.
Des propos corroborés par le secrétaire du Conseil suprême de sécurité national iranien. Selon Ali Shamkhani, le sort d’Alep ne dépend plus que de l’issue de «la confrontation armée.»
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.