Pris dans un imbroglio diplomatique, d'anciens salariés français de Saudi Oger lancent un SOS
Malgré les engagements pris il y a un an, ils restent sur le carreau. L'ex-géant du BTP, propriété de la famille du Premier ministre libanais, est au cœur des tensions entre le Liban, l'Arabie Saoudite et la France.
Les ex-salariés français de Saudi Oger, le défunt groupe de BTP saoudien dont Saad Hariri était l'actionnaire principal, sont toujours dans l'attente d'un règlement de leurs salaires impayés, malgré l'engagement de Paris à solder au plus vite ce contentieux. Il y a un an, les ex-salariés avaient repris espoir. Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, était exfiltré d'Arabie Saoudite grâce à une médiation d'Emmanuel Macron auprès de Mohamed Ben Salman, le prince héritier et l'homme fort du royaume. Saad Hariri avait promis à Emmanuel Macron de régler l'affaire au plus vite.
A l'époque, la société Saudi Oger, propriété de la famille Hariri jusqu'en juillet 2017, avait déjà sombré, licenciant 40 000 salariés, dont 260 Français... sans verser à ces derniers plus de 15 millions d'euros d'arriérés de salaires et près de 2 millions d’euros de cotisations sociales.
Des salariés abandonnés dans leurs "bases vie"
Saudi Oger et Oger International sont issus de l'entreprise Oger, créée en 1950 par Marcel Oger à Saint-Ouen et rachetée en 1979 par Rafiq Hariri, le père de l'actuel Premier ministre. A partir de 2015, la baisse des cours du pétrole, en mettant un coup d'arrêt aux grands projets de construction du royaume saoudien, a entraîné l'effondrement du géant du BTP. Saudi Oger a alors licencié ou cessé de payer ses 56 000 employés. Des milliers d'entre eux, originaires des Philippines, d’Inde, du Pakistan, du Soudan, d’Ethiopie ou encore du Sénégal, ont été littéralement abandonnés à leur sort dans les "bases vie" du groupe.
Une petite centaine de salariés français a saisi les prud'hommes de Seine-Saint-Denis, où se trouve le siège d'Oger international (OI), un bureau d'études dont Saudi Oger était le principal client. C'est par son intermédiaire que la plupart des salariés français ont été embauchés en Arabie Saoudite.
Un dossier à l'arrêt depuis un an
Aujourd'hui, ces salariés lésés, lancent un appel, un SOS au président français pour solder une bonne fois pour toute leur dossier. C’est le cas de Vincent Lesage. Cet ex-cadre de Saudi Oger à Riyad a quitté la société fin 2015 au moment où il a senti les premiers signes de la faillite... des retards de plus de 4 mois dans les paiement des salaires. Aujourd'hui, les ex-salariés de la société de Saad Hariri, le Premier ministre libanais, n'ont toujours pas touché leur dû.
Les anciens de Saudi Oger ont le sentiment d'être pris dans un imbroglio diplomatique où la France doit composer avec ses intérêts en Arabie saoudite et son soutien à Saad Hariri qui tente de former un gouvernement à Beyrouth.
Or, pour le sénateur Jean-Yves Leconte, il suffirait simplement d'appliquer le droit du travail... Sauf que depuis un an, rien n'a bougé, au grand désarroi des ex-salariés de Saudi Oger.
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