Nomination d'un nouveau Premier ministre au Liban : "Emmanuel Macron a bousculé la classe politique" mais "les choses ne bougent pas", selon un politologue
Le professeur Ziad Majed reconnaît une "nouveauté" dans le langage du président français mais regrette qu'il maintienne "des rapports avec cette classe politique". Il qualifie la nomination du nouveau Premier ministre d'"humiliation de plus" pour les Libanais.
Emmanuel Macron se trouve au Liban depuis lundi soir, pour la deuxième fois en trois semaines et depuis la tragique double explosion survenue à Beyrouth le 4 août. "Les choses ne bougent pas, même si Emmanuel Macron a bousculé la classe politique", a réagi mardi 1er septembre sur franceinfo Ziad Majed, politologue franco-libanais, professeur à l’Université américaine de Paris. Pour ce politologue, Emmanuel Macron se distingue de ses prédécesseurs concernant les relations avec le Liban : "Il y a une nouveauté par rapport à un langage concernant les réformes, parlant de corruption et accusant indirectement la classe politique de cette corruption", a-t-il expliqué. Mais Ziad Majed a regretté qu'Emmanuel Macron maintienne "des rapports avec cette classe politique" libanaise. Une des raisons d'être de cette classe politique, c'est "ses alliances externes et le fait qu'elle souhaite faire plaisir à ses sponsors ou à la communauté internationale", a précisé le politologue.
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Ziad Majed a critiqué la classe politique libanaise et notamment la nomination lundi d'un nouveau Premier ministre, Mustapha Adib. "C'est un homme du système, quelqu'un d'inconnu pour la grande majorité des Libanais et des députés qui l'ont nominé, qui ne connaissaient même pas son nom avant que les ordres ne leur arrivent", a déploré le politologue. Ziad Majed a rappelé que sa "seule expérience politique était de diriger le cabinet d'un ancien Premier ministre accusé lui-même de grande corruption". Cette nomination représente, selon Ziad Majed, "une humiliation de plus" pour les Libanais.
La pression française peut "faire bouger quelques lignes"
Le politologue a suggéré un lien entre la nomination du nouveau Premier ministre et la visite d'Emmanuel Macron : "Probablement que cette nomination à la veille de son arrivée était pour répondre à ses exigences", a-t-il expliqué. Il a indiqué que "cette pression française peut probablement faire bouger quelques lignes". "Il peut y avoir le début d'une reconstruction sous contrôle international, mais par rapport aux réformes et aux changements que la majorité des Libanais attendent, on est très loin de là", a-t-il ajouté.
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