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Les Eglises d’Orient, un des chantiers prioritaires du pape François

«Nous ne devons pas avoir peur d'être des chrétiens ni de vivre» comme tels, a lancé le 7 avril 2013 le pape François à ses fidèles réunis place Saint-Pierre. Installé dans sa nouvelle charge depuis un mois, le Saint-Père va devoir relever plusieurs défis. Au premier chef, faire diminuer les persécutions vis-à-vis des chrétiens d’Orient.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un chrétien de Syrie reçoit la communion lors de la messe de célébration de l'Epiphanie à l'église de Damas, le 6 janvier 2011. (AFP PHOTO/ LOUAI BESHARA )

Le Saint-Siège s’inquiète pour l’avenir de la plupart des vingt millions de fidèles, dont cinq millions de catholiques, du Moyen-Orient, qui compte 356 millions d’habitants.
 
Divisés en de multiples communautés, les chrétiens connaissent un sentiment croissant d'insécurité et d'exclusion dans une région en plein bouleversement.
 
Le Vatican est notamment préoccupé par le conflit syrien, qui déstabilise toute la zone. Une importante minorité chrétienne y est implantée depuis 2.000 ans. Dans une Syrie multiconfessionnelle, celle-ci représente 7,5% des quelque vingt millions d’habitants.
 
Les chrétiens de Syrie dans la tourmente
Début avril, le patriarche catholique melkite, le Syrien Grégoire III Laham, interpellait le pape sur Radio Vatican : «Venez à l’aide de la Syrie qui ne peut plus supporter un plus long chemin de croix».
 
Le précédent souverain pontife, Benoît  XVI, avait souhaité dès la mi- 2011 que Bachar al-Assad fasse évoluer les choses en faveur des chrétiens qui «ne se réalisent pas en termes d'intolérance, de discrimination ou de conflit, et encore moins de violence». Le Saint-Père prônait alors un «exemple de relations harmonieuses entre chrétiens et musulmans». Un vœu pieux.
 

Prière dans une chapelle de rite grec orthodoxe à Damas, dans le quartier chrétien de Bab Tuma, le 4 février 2011. (AFP PHOTO/JOSEPH EID )

L’islamisation radicale inquiète
Si le régime alaouite a tissé des relations particulières avec les chrétiens, ceux-ci craignent aujourd’hui que l’instabilité entraînée par la possible chute de Bachar al-Assad ne favorise une islamisation radicale du pays préjudiciable à leur liberté de culte. Les milices islamistes proches d’al-Qaïda ne s’en cachent pas. Ils les considèrent comme des «croisés» dont il faut se débarrasser.
 
Devant la violence du conflit, on assiste à un exode massif de milliers de chrétiens de Syrie qui fuient vers le Liban, le Canada, les Etats-Unis ou la Suède, où des communautés syriaques et chaldéennes, venues d'Irak, ont déjà trouvé refuge.
 
Un scénario à l’irakienne se profile
En Irak, où les chrétiens étaient plutôt bien intégrés sous Saddam Hussein (son ministre des Affaires étrangères, Tarek Aziz, était chaldéen), l'intervention américaine et la chute du dictateur ont eu raison de la communauté essentiellement catholique, de rites chaldéen (majoritaire dans le pays), syriaque, arménien, grec-melkite et latin.
 
Ces Irakiens ont immigré massivement : de 800.000 fidèles répartis dans 300 églises avant 2003, ils ne sont plus que quelque 450.000 en 2013 pour 57 églises. Insécurité, pauvreté et fondamentalisme islamique (44 morts dans l’église syriaque de Bagdad le 31 octobre 2010 dans une attaque menée par al-Qaïda) font partie des motifs liés à leur départ.


Discrimination des coptes en Eypte
Autre source d’inquiétude pour le Vatican, les coptes, chrétiens d'Egypte (6 à 8 millions d’Egyptiens), victimes de discriminations et de menaces islamistes.
 
Depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, le pays a connu une montée des tensions confessionnelles entre chrétiens et musulmans. Une cinquantaine de coptes ont été tués en deux ans.
 
Les violences, qui provoquent un exil massif de cette population, se sont amplifiées avec l’arrivée des Frères musulmans et de Mohamed Morsi au pouvoir. Selon le patriarche copte d’Egypte, Tawadros II, elles ont atteint un «niveau de chaos».
 
Le conflit syrien s’invite au Pays du Cèdre
Dans un Liban multiconfessionnel partagé entre communautés chrétienne maronite et musulmanes (druze, chiite, sunnite), qui a connu 15 ans de guerre civile (1975-1990), le conflit de Syrie pourrait mettre le feu aux poudres. En témoignent les affrontements sporadiques entre pro et anti-Assad dans la région de Tripoli. Et les attentats imputés à Damas via le Hezbollah libanais.
 
Par ailleurs, les quatre millions de chrétiens du Liban (34% de la population), qui entretient avec la Syrie des liens historiques, voient leur communauté gonfler avec l’arrivée massive de réfugiés chrétiens syriens (les classes les plus aisées d’Alep notamment) qui émigrent en masse vers Beyrouth.


Les autres chrétiens du Moyen-Orient
S’ils sont 200.000 en Jordanie, les 143.000 chrétiens d'Israël ne représentent plus que 1,5% de la population contre 25% au 19e siècle, 2,9% en 1948, 2,3% en 1972 et 2,1% en 2009. Ils n’en restent plus que 57.000 dans les Territoires palestiniens.
 
Quant aux pays du Golfe, ils comptent quelque 3,5 millions de fidèles de différentes Eglises, majoritairement des immigrés asiatiques ou des Occidentaux catholiques. L’intolérance y est de mise, notamment en Arabie Saoudite, qui interdit toute forme de pratique religieuse autre que l'islam.

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