Crise de l'énergie au Liban : les panneaux solaires rencontrent un succès inédit
Les ventes de panneaux photovoltaïques s'envolent au Liban alors que plusieurs centrales thermiques électriques du pays tournent au ralenti faute de carburant.
Grâce à ses nouveaux panneaux solaires, Myrna dispose désormais de 24 heures d'électricité par jour au lieu de six avec un groupe électrogène qui engloutissait une bonne partie de son salaire. Dans sa maison perchée sur les hauteurs du Mont Liban, cette Beyrouthine a retrouvé le sourire. Au Liban, les ventes de panneaux solaires sont de plus en plus importantes à mesure que la crise de l’énergie dure. Alors que les centrales thermiques de la compagnie nationale ne fournissent plus que quelques heures d’électricité par jour, que le prix du fioul pour les groupes électrogènes a explosé, de plus en plus de Libanais comme Myrna tentent de s’équiper en photovoltaïque et la demande a bondi ces derniers mois.
Pour Myrna le changement a été radical. "Avec 18 heures de coupure toute la journée sans électricité, il faut vider le réfrigérateur. Travailler à la maison n'est pas possible. Vous ne pouvez pas avoir internet non plus. Avant d'installer les panneaux photovoltaïques, c'était vraiment le chaos", raconte-t-elle. Mais grâce au photovoltaïque, c'est un retour à une vie presque normale pour Myrna, qui a aussi fait installer un chauffe-eau solaire. Pas un luxe, mais une nécessité, assure-t-elle, vers laquelle de plus en plus de Libanais se tournent. "Vu qu'il y a une plus grande demande, il y a beaucoup de compétition maintenant sur le marché. Du coup, le prix baisse. C'est toujours cher, mais c'était plus cher avant. Et à long terme, c'est rentable", juge Myrna.
Une solution "viable pour le Liban" mais innaccessible pour beaucoup de familles
Solution rentable et même de bon sens dans un pays qui connaît 330 jours d'ensoleillement par an. C'est ce que défend depuis des années le fondateur de la PME Solar Solutions qui a équipé la maison de Myrna. "Il y a beaucoup de surfaces qu'on n'utilise pas et le solaire, c'est une solution qui est 100% viable pour le Liban, assure-t-il. Le seul problème, ajoute-t-il cependant, ce sont les politiciens. Ils pensent à des solutions où ils peuvent prendre des commissions. Et quand il y a le mazout, le fioul, chaque jour ils peuvent toucher quelque chose. Donc la seule solution pour tout le monde, c'est d'installer des systèmes solaires sans dépenser pour les politiciens et pour les commissions."
Mais passer à l'énergie solaire est devenu aujourd'hui quasiment impossible pour une majorité de Libanais. Tout est importé, tout doit être payé en dollars, alors que la livre libanaise s'est effondrée, que les salaires ont fondu et que les banques bloquent l'épargne. "Une petite famille a besoin de 15 ampères minimum. Ça coûte 3 500 dollars. Tous les gens ne peuvent pas installer ça, reconnaît le patron de Solar Solutions. Mais quand on a un peu d'argent, quelqu'un qui travaille ailleurs et qui envoie des dollars aussi, c'est la priorité." Myrna, elle, a pu financer son installation grâce à son frère qui vit aux États-Unis. Des ONG commencent aussi à intervenir pour équiper des écoles, des hôpitaux ou de simples particuliers.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.