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Crise au Liban : attirer des investisseurs, le "défi" des agents immobiliers de Beyrouth

Une délégation du FMI se rend lundi 17 janvier dans la capitale pour négocier un plan de sauvetage. En trois ans, la monnaie a perdu 90% de sa valeur et les acheteurs de biens, dans le pays comme à l'étranger, se font rares.

Article rédigé par Aurélien Colly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le centre-ville de Beyrouth (Liban) et ses boutiques fermées, en janvier 2022. (AURELIEN COLLY / RADIO FRANCE)

Dans un quartier de Beyrouth ni "très, très haut de gamme, ni populaire, classe moyenne", Guillaume Boudisseau, agent immobilier au Liban depuis 15 ans, fait visiter un trois pièces de 150 mètres carrés avec balcon, à 1 400 euros le mètre carré. C'est deux fois moins cher qu'il y a deux ans. "Une salle de séjour avec une cuisine ouverte déjà équipée et un îlot central. C'est un bon produit. Maintenant, il faut trouver le client".

Des boutiques impossibles à louer

Le Liban, qui accueille lundi 17 janvier une délégation du FMI dans l'espoir de relanger les négociations sur un plan de sauvetage, vit depuis 2019 la pire crise économique et financière de son histoire. La monnaie a perdu 90% de sa valeur, les trois quarts de la population ont basculé dans la pauvreté et les acheteurs se font rares.

Dans le pays du Cèdre mais aussi à l'étranger, au sein même de la diaspora libanaise, déplore Guillaume Boudisseau : "Il y a une certaine crainte par rapport à la situation du pays, sécuritaire, politique et économique. L'instabilité politique, elle, est constante. L'électricité, ça devient un calvaire. Avoir de l'eau, ça devient très compliqué. La livre libanaise dégringole. Aujourd'hui, c'est un défi, un challenge de trouver des acheteurs. Ça, c'est indéniable. "

Une boutique Louis Vuitton définitivement fermée, dans le centre-ville de Beyrouth (Liban), en janvier 2022. (AURELIEN COLLY / RADIO FRANCE)

Difficile de vendre et encore plus de louer. Le centre-ville de Beyrouth, reconstruit après la guerre civile, était la vitrine d'un Liban qui se voulait prospère avec ses bureaux, ses restaurants, ses magasins de luxe et ses marques internationales. Aujourd'hui, c'est un quartier fantôme, vitrine de l'effondrement du pays. "Ici, avant, il y avait une boutique, elle a fermé. Celle-ci aussi a fermé. Celle-ci encore a fermé. Dans le coin-là, Il y avait une très belle exposition, elle a fermé. Donc voilà, il n'y a plus de commerçants en sachant qu'il y a deux ans et demi, c'était le must d'avoir une boutique disponible dans ce quartier."

"Aujourd'hui, j'ai peut-être une centaine de boutiques à louer, mais je n'ai personne, malheureusement."

Guillaume Boudisseau, agent immobilier

à franceinfo

Pour sortir le Liban du marasme, l'aide internationale existe. En août 2021, un an après la double explosion au port de Beyrouth, plusieurs pays dont la France et les États-Unis se sont engagés à verser 370 millions d'euros à la population. Mais l'aide structurelle dont le pays a besoin est, elle, conditionnée à un minimum de réformes, de transparence et de lutte contre la corruption. Des réformes que les partis confessionnels au pouvoir disent défendre, mais qu'ils empêchent en réalité jusqu'à présent.

Liban : le secteur immobilier sinistré - Reportage d'Aurélien Colly

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