Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont adopté jeudi soir un projet de résolution contre la Libye
Dix pays sur 15 ont voté pour, et 5 pays se sont abstenus (Chine, Brésil, Inde, Allemagne et Russie).
La résolution autorise à prendre "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne, y compris des frappes aériennes, mais précise qu'il n'est pas question d'occupation militaire.
Elle prévoit aussi une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du colonel Kadhafi de pilonner ses opposants.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, est allé à New York défendre en personne ce projet de résolution franco-britannico-libanais visant à mettre fin à la répression du soulèvement contre le régime du dirigeant libyen.
Au moment où Mouammar Kadhafi venait d'annoncer son intention d'attaquer la ville de Benghazi, tenue par les rebelles, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait averti, avant le vote, qu'il restait peu de temps pour intervenir.
La France avait auparavant annoncé des frappes aériennes dès l'adoption de la résolution.
Après le vote, Tripoli s'est dit prêt à un cessez-le-feu sous condition. De leur côté, à Benghazi, fief des opposants à Kadhafi, des centaines de Libyens ont laissé exploser leur joie.
Des frappes dès vendredi ?
De source française, on soulignait que les frappes pourraient avoir lieu vendredi après consultation avec les pays de la Ligue arabe avant la tenue samedi à Paris d'un sommet tripartite Union européenne-Ligue arabe-Union africaine.
Les opérations pourraient viser les pistes des aérodromes et les convois de l'armée libyenne. En réponse à une question, le chef de la diplomatie française a exclu toute opération militaire terrestre.
Les pays abstentionnistes s'expliquent
La Chine et la Russie se sont abstenues mais n'ont pas utilisé leur veto pour bloquer le texte. L'Allemagne, le Brésil et l'Inde se sont aussi abstenus.
L'Allemagne s'est abstenue par crainte de victimes civiles en Libye, comme en Irak et en Afghanistan, a expliqué vendredi son chef de la diplomatie. "Toute opération militaire implique des victimes civiles", a redit le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle devant les députés du Bundestag. Le gouvernement est déterminé à ce qu'aucun soldat allemand ne participe à une intervention militaire en Libye et continue à privilégier les sanctions contre Mouammar Kadhafi.
Maria Luiza Ribeiro Viotti, ambassadrice du Brésil, a expliqué que son pays "n'était pas convaincu par le fait que l'usage de la force conduirait à la fin de la violence". "Cela pourrait causer plus de mal que de bien pour le peuple libyen".
L'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, a jugé "regrettable" que "la passion pour l'usage de la force ait prévalu". Il a rappelé que son pays avait proposé une résolution appelant à un cessez-le-feu.
L'ambassadeur chinois Li Baodong, qui assure la présidence du Conseil de sécurité en mars, a expliqué que son pays avait "toujours été contre l'usage de la force dans les relations internationales".
La Turquie prend acte
La Turquie a réclamé vendredi l'arrêt des violences en Libye et un cessez-le-feu immédiat, annonçant prendre acte d'une résolution votée jeudi soir par le Conseil de sécurité de l'ONU qui approuve le recours à la force contre le régime libyen.
Le communiqué rappelle cependant que la Turquie est depuis le début de la crise opposée à une "intervention étrangère en Libye, pays ami et frère".
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