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"Le système syrien n’accepte pas la contestation" (Gilles Kepel)

Malgré un déploiement massif de l'armée et des forces anti-émeutes, la révolte débutée il y a une semaine en Syrie semble s'amplifier. La répression est sanglante. Au moins 25 cadavres sont arrivés ce matin à l'hôpital de Deraa, ville du sud devenue foyer de la contestation, doublant le bilan des jours précédents. Le régime de Bachar al-Assad est "impitoyable", analyse ce matin sur France Info Gilles Kepel, professeur à Sciences Po, et directeur de la chaire Moyen-Orient Méditerranée.
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ACTUALISE A 11 H :

La Syrie prend-elle le chemin des révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne ? Dans ce pays gouverné d'une main de fer depuis 40 ans par le régime baassiste, un mouvement de contestation sans précédent a débuté le 15 mars. Depuis, les protestations violemment réprimées ont fait au total 21 morts, et le bilan pourrait avoir doublé aujourd'hui, alors que des sources médicales signalent qu'au moins 25 cadavres sont arrivés ce matin à l'hôpital de Deraa, la ville du sud devenue le foyer de la contestation du régime de Bachar al-Assad. Les militants anti-gouvernementaux dénoncent un bain de sang à plus grande échelle et affirment que la répression menée par la police a fait au moins 100 morts, bilan difficile à vérifier. Les ONG dénoncent des arrestations massives dans le pays, dont un étudiant en journalisme blogueur, Ahmad Hadifa.

" Le système syrien n’accepte pas la contestation ", explique Gilles Kepel, professeur à Sciences Po et directeur de la chaire Moyen-Orient Méditerranée. Et il revient sur l'origine de la révolte. "L’affaire a démarré parce que des lycéens de Deraa ont inscrit sur les murs le slogan de la révolution égyptienne : 'Le peuple veut la chute du régime'. Ils ont été arrêtés et transférés à Damas en prison. La rumeur syrienne dit qu’on leur a arraché les ongles. Cela a suscité une révolte très violente de la part des familles et de la population."

Le président Bachar al-Assad, arrivé au pouvoir en 2000 après le décès de
son père, n'est pas intervenu publiquement depuis le début des manifestations. une personnalité complexe. "On a d’un côté un président qui est jeune, affable, qui aime parler avec les intellectuels et les universitaires mais on a d’un autre côté la résilience d’un système de pouvoir hérité du père qui est absolument impitoyable ", souligne le politologue. "La question c’est de savoir si dans le contexte des révolutions démocratiques arabes en général, cela va suffire", poursuit-il.

Cécile Mimaut

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