Le sang a coulé en ce 3e de ramadan dans le sud de la Syrie, où avait commencé le mouvement de contestation
Au lendemain du des manifestants ont bravé les forces de sécurité, qui ont tué 19 personnes et fait de nombreux blessés, selon les militants.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé à Londres), il y a eu 15 morts et 16 blessés dans des localités autour de Deraa.
En outre, un manifestant a été tué à Harasta, dans la banlieue de Damas, selon l'OSDH, et trois autres ont été tués à Homs (centre), selon un militant sur place. De plus, deux manifestants blessés jeudi, l'un dans la banlieue de Damas et l'autre à Homs ont succombé vendredi.
Comme depuis le début du mouvement, à la mi-mars, l'agence officielle syrienne Sana a donné une version différente, annonçant que des "hommes armés" avaient tué trois policiers et un civil et blessé une dizaine de membres des forces de l'ordre à Ghabagheb, Ankhel et Harasta.
Un quadrillage massif par les forces de sécurité des foyers de la contestation et les arrestations massives, visant en particulier des meneurs présumés, limitent l'ampleur des manifestations.
Pourtant des rassemblement ont eu lieu à Homs, dont l'un a réuni 20.000 personnes, et dans une moindre mesure à Deir Ezzor (est), à Lattaquié et Banias sur la côté méditerranéenne, dans deux quartiers de Damas et dans plusieurs localités de sa banlieue ainsi que près de Hama (centre), selon des militants. Et dans la région à majorité kurde du nord-est de la Syrie, près de 10.000 personnes ont défilé à Qamichli et Amouda, selon un militant sur place. Il était impossible de confirmer ces informations de source indépendante, les autorités limitant fortement les possibilités de déplacement pour la presse.
Unifier la contestation
Pour plus d'efficacité dans sa lutte contre le régime, l'opposition a décidé d'unifier ses rangs en créant une coalition, "l'Instance générale de la révolution syrienne", fruit de la fusion de 44 groupes et comités de coordination qui animent depuis cinq mois la contestation en Syrie.
Dans le même temps, la presse officielle se déchaînait vendredi contre les Etats-Unis, qui ont appelé jeudi pour la première fois directement au départ du président Assad.
"On peut se demander si l'administration américaine, qui a perdu toute légitimité populaire dans son pays, est devenue la source de la légitimité en Syrie pour parler au nom du peuple syrien et intervenir dans ses choix et ses affaires intérieures", écrivait ainsi le quotidien Techrine.
A Bruxelles, une réunion des ambassadeurs européens était prévue vendredi pour décider de nouvelles sanctions, qui pourraient se traduire par un embargo des importations de pétrole syrien, a-t-on appris vendredi de source diplomatique européenne. Si les mesures punitives prises par Washington ont peu d'effets sur Damas puisque les relations commerciales étaient déjà quasiment inexistantes, il n'en est pas de même pour l'Europe, qui achète 95% du pétrole exporté par la Syrie, ce qui représente un tiers des recettes du pays.
En outre, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et le Portugal ont annoncé jeudi vouloir obtenir une résolution de l'ONU imposant des sanctions, en particulier un embargo sur les armes, un gel des avoirs syriens et une interdiction de voyage pour certains responsables.
Face à cette avalanche de mauvaises nouvelles, Damas a obtenu vendredi le soutien de la Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU. "Nous estimons que c'est maintenant qu'il faut donner du temps au président Assad pour qu'il puisse mettre en place les réformes annoncées", a déclaré une source russe au ministère des Affaires étrangères, citée par l'agence Interfax, estimant que beaucoup avait déjà "été fait dans cette direction" à Damas.
Indépendamment des débats sur les sanctions, une mission humanitaire de l'ONU doit se rendre en Syrie dans les prochains jours pour témoigner de la répression par Damas du mouvement de contestation, a annoncé jeudi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
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