Le "oui" l'emporte au référendum visant à réviser la Constitution égyptienne, a annoncé la commission électorale
Le "oui" a été approuvé par 77% des votants lors du référendum sur la révision constitutionnelle en Egypte, a annoncé dimanche la commission chargée de l'organisation du scrutin.
Les Egyptiens se sont rendus massivement aux urnes samedi pour un premier vote depuis la chute du président Moubarak le 11 février.
Les amendements à la Constitution soumis à l'avis des Egyptiens ont été proposés par une commission de juristes nommée par l'armée, qui a pris le relais du pouvoir. Ils concernent notamment le mandat du président.
De longues files d'attente s'étaient formées devant de nombreux bureaux de vote du Caire et en province dès samedi matin, alors que, du temps du régime Moubarak, les élections suscitaient une abstention massive. Le scrutin était salué partout comme une conquête démocratique après des décennies d'élections marquées par la fraude.
A Alexandrie, les queues pour voter ont parfois atteint 300 m de long. A Suez il a fallu apporter des urnes supplémentaires pour faire face à l'afflux.
Pour le chef de la commission chargée de l'organisation du référendum, Mohammed Attiya, la participation était "sans précédent".
Le président de la Ligue arabe et ancien ministre des Affaires étrangères, Amr Moussa, s'est félicité de cette participation. "Peu importe que les gens votent oui ou non. Ce qui est important, c'est que les électeurs se déplacent. Nous avons besoin d'une nouvelle Egypte ", a déclaré Amr Moussa, lui-même adversaire de la réforme proposée.
Les partisans de la révision sont favorables à une transition rapide avec des changements limités de la Constitution, tandis que ses opposants plaident pour une nouvelle loi fondamentale, quitte à prendre plus de temps.
ElBaradei pris à partie
Des Egyptiens d'un quartier défavorisé du Caire ont jeté des pierres samedi sur Mohamed ElBaradei devant un bureau de vote où il était venu pour participer au scrutin. Il arrivait de l'aéroport après une courte visite en Inde.
"On ne veut pas de toi", ont lancé les habitants du Moqattam (est du Caire), jetant des chaussures et de l'eau dans sa direction. Quand l'ancien directeur de l'AIEA, prix Nobel de la paix, a rebroussé chemin, 200 à 300 personnes l'ont coursé en jetant des pierres.
"Il vit aux Etats-Unis et veut nous gouverner, c'est hors de question", a lancé une habitante du quartier, furieuse. "C'est un agent des Américains, la guerre en Irak c'est à cause de lui", a lancé une autre.
Les propositions de la commission
La commission de juristes a proposé que le président de la République ne puisse plus effectuer que deux mandats consécutifs de quatre ans et que les conditions de candidature soient allégées.
La Constitution actuelle, suspendue par l'armée, prévoit que le président peut se présenter indéfiniment pour des mandats de six ans.
L'interdiction des partis politiques en Egypte sera levée "immédiatement" après le référendum sur les amendements constitutionnels, ont annoncé les militaires.
Si le oui l'emporte, et c'est le cas, l'armée a promis de passer rapidement à l'organisation d'élections législatives et présidentielle, normalement sous six mois.
Un référendum contesté
De nombreux Egyptiens avaient demandé le report, voire l'annulation du référendum de samedi, parmi lesquels Amr Moussa et Mohammed el-Baradei, ex-directeur général de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) et prix Nobel de la Paix. Les deux hommes, qui sont candidats déclarés à la présidence, estiment que "rapiécer" la Constitution n'est pas suffisant.
Les jeunes pro-démocratie qui ont été le fer de lance du soulèvement populaire contre le régime de Hosni Moubarak ont appelé à voter non. Ils exigent aussi une nouvelle Constitution.
Seuls les Frères musulmans ont appelé à voter "oui" au référendum. La confrérie islamiste estime que les amendements proposés permettront de "passer d'une période de transition à une période de stabilité".
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