Cet article date de plus de douze ans.

Merkel, Cameron et Sarkozy exigent l'arrêt "immédiat" du programme nucléaire iranien

L'annonce suit la décision prise lundi matin par l'Union européenne d'imposer un embargo sur le pétrole iranien, dans le but d'assécher le financement de son programme nucléaire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une plateforme pétrolière iranienne, près des eaux territoriales du Qatar. (ATTA KENARE / AFP)

Angela Merkel, David Cameron et Nicolas Sarkozy ont exigé, lundi 23 janvier en fin d'après-midi, l'arrêt "immédiat" du programme nucléaire iranien. Cette annonce intervient après que les pays de l'Union européenne se sont mis d'accord dans la matinée pour imposer un embargo pétrolier graduel contre l'Iran, afin d'assécher le financement de son programme nucléaire. L'UE compte également sanctionner la Banque centrale iranienne. 

• Ce que prévoit l'accord

Le compromis trouvé envisage une interdiction immédiate de tout nouveau contrat dans le secteur pétrolier avec l'Iran pour les pays européens. Une phase de transition est prévue pour l'annulation des contrats existants, qui n'interviendra que le 1er juillet. Ce délai concerne notamment la Grèce, très dépendante des approvisionnements iraniens. 

Il est prévu que d'autres pays producteurs, dans le Golfe notamment, prennent le relais de l'Iran pour maintenir le ravitaillement des pays européens dépendants. Les sanctions concernant la Banque centrale portent sur un gel de ses avoirs en Europe et une interdiction partielle de transactions avec cette institution.

Côté européen, le pari n'est guère risqué : le pétrole importé dans les pays de l'UE ne provient d'Iran qu'à hauteur de 3 à 4 %. En revanche, pour Téhéran, cet embargo risque de peser lourd, puisque l'Union le priverait ainsi de 20 % de son marché, selon Le Figaro. Cet accord, révélé par une source diplomatique, doit être officialisé dans la journée.

• Les intentions européennes

L'objectif poursuivi par l'UE est d'intensifier la pression sur l'Iran afin qu'il accepte de revoir son programme nucléaire controversé. Ce programme vise, de l'avis des Occidentaux, à doter le pays de la bombe atomique, ce que Téhéran dément vigoureusement.

"Nous allons finaliser des sanctions qui se concentrent sur la Banque centrale et les exportations pétrolières" de l'Iran, afin "de faire en sorte que l'Iran prenne au sérieux notre offre de revenir à la table des négociations" sur son programme nucléaire, a ainsi déclaré lundi matin, à son arrivée à Bruxelles, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Un avis partagé par le ministre des Affaires étrangères britannique, qui évoque "une pression pacifique afin d'engager des négociations significatives", et par son homologue français Alain Juppé.

Juppé commente les sanctions européennes contre l'Iran (FTVi)

En parallèle, la diplomatie européenne s'active pour rendre l'Asie moins dépendante du pétrole iranien, selon l'AFP. Américains et Européens chercheraient notamment à convaincre l'Inde de réduire ses importations venant de Téhéran.

• L'Iran minimise l'impact des sanctions et menace

"Les sanctions contre les exportations pétrolières de l'Iran (…) n'auront pas d'effet sur l'économie iranienne", a déclaré Ali Adiani, membre de la Commission de l'Energie du Parlement. "Avec les sanctions, le prix du pétrole va augmenter et ce sera au désavantage de l'Europe et des Etats-Unis", a-t-il affirmé.

"Les Occidentaux veulent nous contraindre à changer de politique, mais cela n'arrivera pas", a affirmé de son côté Allaeddine Boroujerdi, président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement.

L'ex-ministre du Renseignement Ali Falahian a quant à lui appelé à des mesures de rétorsion contre l'UE, suggérant de "cesser les exportations du pétrole iranien avant la période de six mois (prévue pour la mise en œuvre de l'embargo) afin de faire augmenter le prix du pétrole et perturber les plans des Européens".

Selon Reuters, un haut responsable du parlement iranien a renouvelé la menace d'une fermeture du détroit d'Ormuz, par où transite un cinquième du brut mondial.

• La Russie "regrette" l'embargo, Israël s'en félicite

Moscou a "accueilli cette nouvelle avec regret et préoccupation", a déclaré le ministre des Affaires étrangères dans un communiqué. Sergueï Lavrov a dénoncé lundi "les sanctions unilatérales" contre l'Iran, jugeant que l'introduction par l'Union européenne d'un embargo pétrolier était "erronée" et relevait d'un "diktat, d'une volonté de punir l'Iran pour son comportement intransigeant""Nous allons faire en sorte que toutes les parties s'abstiennent de prendre des décisions brusques et que les négociations reprennent", a ajouté le chef de la diplomatie russe.

La Russie, qui a jusqu'ici souscrit à quatre séries de sanctions du Conseil de sécurité contre l'Iran, a fait savoir, tout comme la Chine, qu'elle s'opposait à de nouvelles mesures.

Israël s'est quant à lui félicité des sanctions prises lundi par l'Union européenne. "C'est un pas dans la bonne direction", a déclaré le Premier ministre Benyamin Netanyahu, selon un communiqué. "Une pression très importante et rapide sur l'Iran est nécessaire, et il faudra juger les sanctions sur leurs résultats", a-t-il souligné.

Le ministre chargé des services de renseignements, Dan Meridor, a indiqué que "l'Iran doit comprendre qu'il y a une détermination à l'empêcher de parvenir au nucléaire militaire".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.