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L'armée égyptienne prend le parti des manifestants

L'armée égyptienne a promis ce lundi soir de ne pas ouvrir le feu sur les manifestants, qui se sont encore rassemblés par milliers pour réclamer le départ d'Hosni Moubarak, et a jugé leurs revendications légitimes. _ Dans la foulée, le vice-président Omar Souleimane, issu des rangs de l'armée, a annoncé l'ouverture de consultations avec l'ensemble des partis politiques.
Article rédigé par franceinfo
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“Le président a demandé aujourd'hui d'établir des contacts
immédiats avec les forces politiques pour entamer un dialogue
sur tous les problèmes soulevés qui implique également des
réformes constitutionnelles et législatives de façon à déboucher
sur des projets d'amendements clairs et sur un calendrier précis
en vue de leur mise en œuvre”, a-t-il expliqué lors d'une
allocution télévisée.
_ Dans un communiqué diffusé un peu plus tôt, l'armée, pilier
du long règne de Moubarak, précise qu'elle est présente dans les
rues pour le bien et la sécurité des Égyptiens. “Les forces
armées n'auront pas recours à la force contre notre grand
peuple”, promet l'état-major.
“Vos forces armées, qui ont conscience de la légitimité de
vos demandes et sont prêtes à assumer leur responsabilité de
protection de la nation et des citoyens, affirment que la
liberté d'expression par des moyens pacifiques est garantie à
tous”, poursuivent les militaires.

Hosni Moubarak, confronté à un mouvement qui ne cesse de
prendre de l'ampleur, a poursuivi aujourd’hui le remaniement de son gouvernement pour tenter, sans succès, d'apaiser la colère de la rue égyptienne qui réclame son départ.
Un appel à la grève générale a été lancé ce lundi et ses
opposants ont annoncé une marche d'un million de personnes
demain pour pousser vers la sortie le chef de l'État au pouvoir
depuis près de trente ans.

L'opposition s’organise

Le soulèvement, qui entrera demain dans sa deuxième semaine,
a éclaté en protestation contre la répression, la corruption et
la pauvreté. Environ 140 personnes sont mortes dans les
affrontements avec les forces de sécurité.
Hosni Moubarak a tenté plusieurs fois de désamorcer la crise
en annonçant des réformes économiques et en remaniant sa garde rapprochée, sans convaincre.

Zaineb el Assam, expert du Proche-Orient au sein du cabinet
londonien Exclusive Analysis, estime que ce remaniement est trop
limité et arrive trop tard.
Bien que le mouvement anti-Moubarak ait débuté sans
dirigeant clair ni formation structurée, l'opposition s'efforce
maintenant de s'organiser.
Les Frères musulmans, mouvement islamiste très soutenu par
les plus modestes, ont annoncé qu'ils s'employaient à former un large comité politique avec Mohamed ElBaradeï, afin de
nouer un dialogue avec l'armée.
L'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA), rentré la semaine dernière d'Autriche, a appelé
au départ de Moubarak et s'est proposé de diriger la transition,
même si certains Egyptiens restent réservés à son propos, en
raison notamment de ses longues absences à l'étranger.

Transition ordonnée

Les dirigeants occidentaux s'emploient à trouver une réponse
adaptée à cette crise qui menace de bouleverser la donne au
Proche-Orient. Sans appeler directement au départ de Moubarak,
ils prônent le respect des libertés fondamentales tout en
craignant l'arrivée au pouvoir d'extrémistes.
Washington, dont l'Égypte est le principal allié dans le
monde arabe, a accentué la pression en appelant hier à une
“transition en bon ordre” et a dépêché un émissaire sur place -
Frank Wisner, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Egypte, qui
“a la faculté” de parler aux autorités, précise le département
d'Etat.
Cet appel à une “transition ordonnée” a été relayé aujourd’hui par
l'Union européenne. “Nous ne voulons certainement pas voir
l'Egypte tomber aux mains d'extrémistes”, a déclaré le
secrétaire au Foreign Office William Hague. “C'est pourquoi nous
voulons une transition ordonnée vers des élections libres et
équitables”.
_ Le message américain a été perçu en Israël comme un lâchage
en règle d'un allié de trente ans. L'Etat juif craint les
répercussions de la crise sur ses relations avec l'un des seuls
Etats arabes à avoir fait la paix avec Israël.
Plusieurs gouvernements ont commencé à organiser le départ
d'Egypte de leurs ressortissants en raison de l'incertitude de
la situation.

Mikaël Roparz, avec agences

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