Témoignage "Ils m'appellent la traître" : de jeunes Israéliens refusent de s'engager dans l'armée, quitte à aller en prison

Le conflit entre le Hamas et Israël va bientôt entrer dans son quatrième mois. Si l'État hébreu peut compter sur ses centaines de milliers de réservistes, certains jeunes sont opposés à cette guerre et ne veulent pas intégrer les rangs de l'armée.
Article rédigé par Willy Moreau - Sandrine Mallon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Sofia Orr, 18 ans, refuse de servir l'armée israélienne. (WILLY MOREAU / FRANCEINFO)

À Pardes-Hanna-Karkur, à 50 minutes au nord de Tel-Aviv, Sofia Orr a le regard bleu perçant et ne sourcille pas. La jeune femme a 18 ans, l'âge de rentrer dans l'armée. Mais "en février", dit-elle, "je vais refuser de servir l'armée israélienne et j'irai en prison militaire pour ça". Après près de trois mois de guerre entre Israël et le Hamas, les combats vont se poursuivre "tout au long" de l’année, prévient Israël. Et pour tenir, le pays compte sur son armée et ses 360 000 réservistes. Pourtant, des voix s’élèvent pour dire stop au conflit et des jeunes refusent même de s’enrôler dans l’armée.

C’est le cas de Sofia Orr, l'une des figures d'un mouvement anti-militaire qui revendique aujourd'hui plusieurs dizaines de membres actifs. "Je refuse de prendre part à une politique de violence, d'apartheid et d'oppression que l'armée impose aux Palestiniens, justifie-t-elle. Et je crois qu'il n'y a pas de solution militaire à un problème politique. Je veux faire partie de la solution et pas du problème. On doit faire la paix, il n'y a pas d'autre option"

Sofia fait partie de ces jeunes, de plus en plus nombreux mais toujours très minoritaires, à exprimer publiquement leur refus de prendre les armes.

"La plupart des personnes dans ce pays ont cet esprit militaire qui fait qu'elles soutiennent l'armée quoi qu'il arrive. Et cela inclut bien sûr certains de mes proches".

Sofia Orr, qui refuse de s'engager dans l'armée

à franceinfo

"Parfois, ils m'appellent 'la traître' ou 'la juive pleine de haine.' Et c'est vraiment difficile. Tu peux avoir une exemption, le faire calmement et ne pas être humilié publiquement pour ça. Mais ce n'est pas une option pour moi. Je sens que je dois en parler publiquement et essayer d'avoir le plus d'impact possible", explique la jeune femme.

Sofia est soutenue par ses parents mais depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre, elle a le sentiment que son discours est encore moins audible dans la société. "Des gens qui se considéraient de gauche tombent dans la déshumanisation des Palestiniens, en disant qu'il n'y a pas d'innocents à Gaza", constate-t-elle.

La semaine dernière, son ami Tal Mitnick a lui aussi boycotté son service militaire obligatoire. Dans une vidéo à l'entrée de la base militaire de Tel HaShomer, il crie son refus. Il a été condamné jeudi 28 décembre à une première peine d'un mois de détention. Il pourrait en faire quatre au total.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.