: Reportage "Tout le monde vit dans la peur" : sous les bombardements israéliens, les habitants du sud du Liban dénoncent "un ennemi qui ne distingue pas les civils"
Un week-end de violence inédit au sud du Liban. À la frontière avec Israël, les échanges de tirs s’intensifient dangereusement entre le Hezbollah et l’armée israélienne. Le secrétaire général adjoint du Hezbollah parle "d’une nouvelle phase de la guerre" et évoque une "bataille ouverte et décisive".
Dimanche 22 septembre, le Hezbollah a de nouveau conduit des attaques dans des zones civiles du nord d'Israël, et l’État hébreu des raids aériens encore jamais vu dans tout le sud du Liban. Le ministère libanais de la Santé a annoncé que "50 personnes avaient été tuées et plus de 300 blessés", dont des enfants, des femmes et des secouristes, dans les frappes intensives israéliennes sur le sud du pays lundi, le plus lourd bilan en près d'un an de violences.
Du haut de ses 5 ans, Ibrahim habite à deux kilomètres de la frontière, face au village de Houla. Avec son père, ils regardent l’aviation israélienne survoler leur maison. "Papa, papa, regarde ça ! Il y a encore un petit point blanc dans le ciel qui vient d’apparaître, il est revenu", dit-il à voix basse. "Oui, il s’approche", lui répond son père. "Regarde papa un deuxième." "Oui attention ils vont très très vite… Une série d'explosions fait ensuite trembler la vallée.
"Nous sommes en guerre"
Dimanche, plus de cent frappes israéliennes touchent le sud du Liban. Jamais les échanges de tirs avec le Hezbollah n’avaient été aussi violents que ce week-end. Près du garage où il travaille, Bassam s’est réuni avec ses amis du village frontalier de Majd el Slem.
Assis autour d’un thé, ils attendent que se termine cette nouvelle vague de raids aériens. "C’est très difficile, dit Bassam, nous sommes en guerre et nos vies sont au cœur de la bataille. J’ai peur pour mes enfants, ma femme, mes voisins, mon pays…"
"Tous les jours, Israël bombarde notre peuple, mais nous allons rester ici. C’est notre terre, on y reste jusqu’à la mort."
Bassamà franceinfo
Les civils pris pour cible
Quelques rues plus loin, Mustapha vient de sortir de l'hôpital. Son lit médicalisé est désormais au milieu de son salon. Il a été blessé par un tir israélien. "Un missile a atterri devant moi, sous ma voiture. J’avais dit à mes enfants de se coucher au sol et de ne plus bouger. Et en une fraction de seconde j’ai eu trois débris plantés dans la jambe", explique-t-il. Sa jambe, couverte d'hématomes, a doublé de volume .
Si plus de 100 000 Libanais sont déjà déplacés plus au nord du pays, Mustapha n’a pas les moyens de quitter son village. Avec sa famille, ils doivent rester malgré les risques : "Nous sommes face à un ennemi qui ne distingue pas les civils. Alors que nous les civils ne sommes pas engagés dans cette guerre. Désormais personne n’est à l'abri, tout le monde vit dans la peur."
Une peur qui n’a jamais été aussi grande chez les civils du sud-Liban, qui voient chaque jour la guerre s’étendre un peu plus.
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