Reportage "On ne s'accuse de rien les uns les autres" : peu importe la guerre, ces jeunes juifs et arabes poursuivent leurs études ensemble

Fondée en 1949, l'organisation Givat Haviva milite pour une société inclusive en Israël. Depuis le 7 octobre, les élèves juifs et arabes affrontent la guerre ensemble, les uns avec les autres.
Article rédigé par Camille Magnard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Etudiants juifs et arabes de l'école Givat Aviva (GILLES GALLINARO / RADIOFRANCE)

Comment militer encore pour la paix, en Israël ? Les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre, puis les opérations militaires de l’armée israélienne dans la Bande de Gaza et les milliers de morts de civils palestiniens qu’elle continue d’entraîner. Tout cela oppose les communautés juives et arabes d’Israël plus que jamais et le gouvernement Netanyahou ne fait rien pour apaiser ces tensions. Pourtant dans le centre du pays, l’organisation Givat Haviva, fondée en 1949 continue de militer contre vents et marées pour une société inclusive. De jeunes juifs et arabes d’Israël ont fait le choix d’y faire leurs études ensemble.

L’école internationale de Givat Haviva, c’est une bulle de paix et de coexistence, dans un Israël où les craintes et les replis emportent tout depuis le 7 Octobre. Muhammad en a bien conscience, c’est pour ça qu’il étudie ici : "La société aujourd’hui est dans une sorte de conflit permanent. Les gens se disputent pour des sujets qui n'en valent pas la peine. Ils ne se traitent pas à égalité. Mais ici à l'école, on essaye d'éviter toutes ces choses, peu importe l'origine ou la religion de chacun."

"Ça ne sert à rien de savoir qui souffre le plus"

Ici tous les étudiants le disent, qu’ils soient juifs ou arabes, étudier ensemble à Givat Haviva les aide à affronter la réalité : "Revenir ici avec mes amis qui sont aussi bien juifs qu'arabes, ça m'a remonté le moral", dit l'une. "Ma crainte c'était qu'on allait revenir et que les arabes allaient rejeter les juifs et que les juifs allaient rejeter les arabes. Mais c'est tout le contraire qui s'est passé. C'était vraiment bien de revenir et de voir que l'autre camp ne nous détestait pas", ajoute un autre. "On ne s'accuse de rien les uns, les autres. On accuse le Hamas. Ça ne sert à rien de savoir qui souffre le plus. On peut juste comprendre qu'on souffre tous et ça ne doit pas nous faire basculer dans la haine", raconte une autre.

À les entendre, on a l’impression que ces jeunes participent à une expérience sociale, à rebours complet de la société autour d’eux. Mais la réalité se rappelle à eux. Niko, juive israélienne, va bientôt devoir rejoindre l’armée dont elle condamne pourtant les agissements à Gaza : "J'ai candidaté à des unités de combat très dures dans des zones dangereuses comme la police des frontières à Jérusalem. Quitte à aller à l'armée je préfère que ce soit moi à ce genre de postes. J'ai côtoyé des arabes et je sais qu'il y a des personnes, au-delà des préjugés que d'autres peuvent avoir. Je préfère que ce soit moi s’il arrive quelque chose."

L’organisation Givat Haviva organise aussi depuis des décennies des groupes de dialogues entre citoyens d’Israël, juifs et arabes. Elle y a renoncé, depuis le 7 octobre : trop tôt, pour reparler de paix, entre les deux communautés.

MILITANTS PAIX ISRAEL

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