Reportage "Ma fille est née dans la guerre" : des enfants nés prématurément à Gaza sont pris en charge dans un hôpital égyptien

De jeunes mères gazaouies ont pu se rendre en Egypte où leurs enfants nés prématurément sont hospitalisés, faute de moyens dans la bande de Gaza.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les abords de l'hôpital al-Chifa de Gaza, le 10 novembre 2023. (AFP)

Profitant de la trêve de fin novembre, des mères gazaouies ont enfin pu se rendre en Egypte pour que leurs enfants prématurés soient pris en charge. Ils sont 24 dans un hôpital, à l’extérieur du Caire, à recevoir les soins appropriés. Un soulagement pour ces femmes dont les maris, eux, n’ont pas pu sortir de la bande de Gaza. 

Saoussane, 20 ans ,a encore le regard vide. Enceinte de sept mois fin octobre, elle donnait la vie à deux filles, Rassil et Ratil, à l’intérieur de l’hôpital al-Chifa, dans la bande de Gaza : "L’hôpital a été bombardé. Les martyrs étaient là, ils sont morts devant moi... L’état de mes filles n'était pas stable. Les docteurs me disaient qu’elles allaient mourir sur la route", se rappelle-t-elle. 

Encore chétives, ses filles sont désormais hors de danger. Pour le moment, elle est hébergée dans cet hôpital de la Nouvelle, capitale administrative égyptienne, à 50 km à l’est du Caire, loin de son mari, resté dans le nord de Gaza. "En réalité, je serais presque prête à rentrer à Gaza avec mes filles pour retrouver mon mari. Mais, en même temps, j’ai peur. La situation n’est pas stable et il y a des bombardements 24 heures sur 24", regrette la jeune maman.

État incompatible avec une hospitalisation à Gaza

À quelques mètres de sa chambre, il y a la salle des grands prématurés où Shaïma, 25 ans, tapote la vitre de la couveuse. Après un mois d'hospitalisation, son bébé est toujours sous observation :"Ma fille est née dans la guerre. J’ai accouché et les médecins me l’ont prise. Je l’ai vue après 38 jours. Je suis contente, mais je ne peux pas la toucher. Et son père, comme le reste de la famille, n’est pas là."

C’est le docteur Ahmed Sahoula qui est en charge de ce service de grands prématurés. Lorsque les 24 nourrissons sont arrivés, ils souffraient d’hémorragies cérébrales, de traumatismes crâniens, de difficultés respiratoires ou encore d’inflammation des intestins : "L’état dans lequel les enfants sont arrivés n’était pas compatible avec leur hospitalisation à Gaza. Ce n’étaient pas des conditions normales", insiste-t-il. Ces bébés nés sous les bombardements sont pour le moment en sécurité et personne ne sait s’ils verront un jour la bande de Gaza. 

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