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Reportage "L'art ne doit pas forcément nous mettre à l'aise" : à Tel Aviv, des artistes reproduisent un tunnel du Hamas pour représenter la situation des otages

Pour matérialiser le sort des otages, libérés ou encore prisonniers, des artistes de Tel Aviv ont reconstitué un des tunnels du Hamas, dans lesquels sont enfermés les otages depuis près de deux mois.
Article rédigé par Camille Magnard, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le tunnel fait 25 mètres de long, fait de carton et de PVC. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

"Il y a une phrase en hébreu qui dit : 'il y a une lumière au bout du tunnel' !" Ce tunnel-là fait 25 mètres de long, de carton et de PVC, qui serpentent sous le centre de danse contemporaine Suzanne Dellal, à Tel Aviv. Avec son sol couvert de sable et son enfilade d’ampoules blafardes, l’installation sombre et éprouvante dénote dans ce lieu branché et lumineux. C’est justement ce malaise que voulait créer son concepteur Roni Levavi. "Tout le monde ne passe pas par le tunnel", décrit-il. "Il y a des gens pour qui c’est difficile : ils regardent, ils tournent autour, ils ne se savent pas quoi faire : c’est le but !"

"L’art ne doit pas forcément nous mettre à l’aise. L’idée, c’est de faire passer un message fort, ce qui nous anime c’est de les sortir de là-bas, de les ramener chez eux auprès de leur famille, et du peuple d’Israël."

Roni Levavi, artiste

à franceinfo

Alors que les combats ont repris dans la bande de Gaza, après six jours de trêve, la vie retrouve des airs de normalité dans les grandes villes d'Israël : les magasins et les restaurants rouvrent, les plages se remplissent à nouveau. Mais le sort des otages restants, toujours aux mains du Hamas à Gaza, obsède la population.

Les visiteurs sont invités à écrire des messages sur les parois. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Les visiteurs, en cet après-midi de shabbat, sont surtout des familles en promenade, comme celle de Rohad, venu avec son père et sa petite nièce. "On pense beaucoup aux otages et on voudrait se sentir proches d’eux", explique-t-il. "Et en même temps c’est ambigu : d’un côté, ici c’est shabbat, on se promène, on fait des repas de famille, la vie continue, mais on ne veut pas oublier les otages."

"Ça aurait pu être moi ou mes enfants !"

A l’autre bout du tunnel, Ruth et sa fille inscrivent un message de paix, au feutre sur les parois. Elles viennent d’un kibboutz tout proche de ceux qui ont été attaqués le 7 octobre par le Hamas. Alors Ruth n’a pas besoin d’un faux tunnel pour s’identifier aux otages. "C’est très dur de voir tout ça", confie-t-elle, émue. "Pour ma fille ça va, parce que je lui ai dit que c’était un jeu, mais pour nous, c’est très éprouvant. Car ça aurait pu être moi ou mes enfants ! Les terroristes ne sont pas rentrés dans notre kibboutz, on ne comprend toujours pas par quel miracle. C’est le hasard, mais c’est la vie !"

A l'entrée du tunnel, un compteur indique la durée de détention des otages. (CAMILLE MAGNARD / RADIO FRANCE)

Comme un rappel, à l’entrée du tunnel, un compteur égrène les 56 jours, les heures et les minutes qu’ont déjà passé les otages dans de vrais tunnels à Gaza. L’installation, très populaire, devrait être démontée dans les prochains jours. On l’annonce déjà bientôt à New York.

A Tel Aviv, des artistes reproduisent un tunnel du Hamas pour représenter la situation des otages

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