: Reportage "Ils ont peur du noir, peur de dormir, peur de tout" : en Israël, le traumatisme des enfants libérés par le Hamas
Ils sont libres, ils ont retrouvé leur maman, mais rien ne sera plus jamais comme avant pour Erez, 12 ans, et Sahar, 16 ans. Ces deux Franco-Israéliens ont été kidnappés lors des attaques du Hamas, le 7 octobre, contre leur kibboutz de Nir Hoz.
Libres depuis le 27 novembre dernier, ils tentent de se reconstruire. "Leur père est encore à Gaza et je vous rappelle que, à leur retour en Israël, ils ont appris la mort de leur grand-mère Carmela, et de leur cousine germaine Noya. Elles ont été brûlées toutes les deux. Évidemment, ils ne peuvent pas aller bien", tient tout de suite à préciser Olivier Jaoui, un cousin de la famille.
"Sahar, qui a 16 ans, dit par moments qu'elle a l'impression d'en avoir six, parce qu'elle a peur de tout. Ils ont peur du noir, ils ont peur de dormir... Erez, le garçon de 12 ans, est particulièrement effrayé. Même une porte fermée l'inquiète. Quand il va aux toilettes, par exemple, il a dit à sa mère 'J'ai peur, qu'il y ait quelqu'un derrière la porte'. Et ce quelqu'un, c'est le Hamas parce qu'ils ont vu des cadavres de gens qu'ils connaissaient. Donc évidemment, ils restent très traumatisés et très inquiets pour leur père", explique Olivier Jaoui à franceinfo.
Trente-huit bouées gonflables dans le hall d'accueil
Avant de rejoindre un hôtel sans charme de la station balnéaire d'Eilat, au bord de la mer Rouge, avec tous les autres membres du kibboutz de Nir Oz, Erez et Sahar sont passés par l'hôpital pour enfants Schneider de Petah Tikva, près de Tel-Aviv. Ils ont été pris en charge avec 17 autres enfants par la docteure Rotem Goldberg.
"Certains racontent leurs cauchemars : ils rêvent du jour où ils ont été kidnappés, d'autres pensent à un membre de leur famille qui a été assassiné ou enlevé... C'est un événement traumatique. Il y a aussi le moment où ils ont été relâchés, quand la foule a frappé sur les portes des voitures. C'est aussi le type d'événement qui laisse un traumatisme important. Et puis, il y a toute la durée de la captivité, quand ils devaient rester silencieux, les cris, la faim", décrit la spécialiste.
"Certains enfants se réveillent en hurlant et nous devons les calmer, leur montrer que nous sommes là."
Rotem Golddergà franceinfo
Dans le hall d'accueil de cet hôpital flambant neuf, 38 bouées gonflables ont été disposées en cercle, 36 flamants roses pour représenter les enfants libérés et deux canards jaunes pour ceux qui manquent, les frères Bibas, Ariel, 4 ans, et Kfir, un bébé de 10 mois.
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