Reportage "Ça fait partie de la guérison" : en Israël, vidéos et témoignages de l'attaque du 7 octobre sont collectés à la Bibliothèque nationale

"On dirige les choses ici pour coordonner, pour créer une seule archive, pour que les chercheurs aient accès à ces données dans 10, 20 ou 100 ans", précise la directrice des collections de la bibliothèque.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La biliothèque nationale d'Israël, décembre 2023. (ABIR SULTAN / EPA)

Devant la caméra, Nir Shani, raconte comment il a résisté aux assauts du Hamas, pendant des heures, dans sa chambre forte du kibboutz Beeri. Ce récit enregistré moins de trois semaines après l’attaque, n'est pourtant qu'une minuscule pièce dans ce gigantesque puzzle.

Un peu plus de quatre mois après les attaques du 7 octobre, Israël s'est lancé dans un pharaonique projet d’archivage : tous les témoignages, les vidéos, les conversations sur WhatsApp des victimes et témoins de ces attaques lancées par le Hamas sur des zones proches de la bande de Gaza sont en train d’être centralisés au cœur de la Bibliothèque nationale d'Israël, située à Jérusalem. Un matériel pour l'Histoire qui représente une énorme somme de données.

"Les laisser raconter leur histoire"

Avec son équipe, Itay Ken Tur a déjà collecté plus de 700 témoignages. Il est réalisateur, quasiment spécialisé dans les témoignages des survivants de l’Holocauste : "Etre présent et les écouter raconter leur histoire, ça fait partie de la guérison après un événement traumatique. Ce n’est pas une thérapie, mais on n'est là que pour écouter. On ne cherche pas des choses pour la propagande. On est là pour les laisser raconter leur histoire. Et ce qu’ils nous disent la plupart du temps après, c’est : merci !"

À côté de ce travail de réappropriation, il y a la conservation précise des faits. Tout ce qui était numérique a été collecté. Pratiquement dès le lendemain de la tuerie, les vidéos du Hamas et les messages WhatsApp des victimes ont été sauvegardés et stockés à la bibliothèque d’Israël, à Jérusalem. 

"On a vu des vidéos du Hamas, qui étaient postées sur Telegram, disparaître deux jours plus tard. On a senti l’urgence de devoir collecter le plus possible, le plus vite possible."

Raquel Ukeles, directrice des collections de la bibliothèque

à franceinfo

La bibliothèque va centraliser ces archives. Cela devrait représenter 60 téraoctets dans les serveurs du sous-sol. Il va falloir organiser cet archivage pour donner une visibilité à ces données : "On a compris tout de suite l’importance historique de rassembler et de documenter en temps réel, précise Raquel Ukeles. Donc on doit faire avec une quantité de données hors norme. On dirige les choses ici pour coordonner, pour créer une seule archive, pour que les chercheurs aient accès à ces données dans 10, 20 ou 100 ans."

Le projet pourrait durer cinq ans. Il repose essentiellement sur la réactivité des citoyens, qui ont très vite voulu documenter ce traumatisme.

En Israël, vidéos et témoignages de l'attaque du 7 octobre sont collectés à la Bibliothèque nationale. Le reportage d'Etienne Monin

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.