Reconnaissance faciale dans les territoires palestiniens : "On est face à un système de surveillance de masse et de contrôle de la population", dénonce Amnesty International
"On est face à un système de surveillance de masse et de contrôle de la population palestinienne", dénonce mardi 2 mai sur franceinfo Jean-Claude Samouiller, président d'Amnesty international France. qui dans un nouveau rapport dénonce l’utilisation de technologies de reconnaissance faciale par Israël pour renforcer son contrôle sur les Palestiniens.
Amnesty international révèle notamment que ces technologies sont utilisées à Jérusalem-Est et Hébron, où des colons israéliens vivent au milieu de la population palestinienne. Pour le président de l'ONG, le système de reconnaissance faciale baptisée "Red Wolf", loup rouge, constitue "une restriction dramatique de la liberté de circulation et une violation du droit à la vie privée".
franceinfo : Vous venez de publier un rapport sur l'existence d'un système de reconnaissance faciale pour surveiller et contrôler la population palestinienne. Comment fonctionne cet outil ?
Jean-Claude Samouiller : On est face à un système de surveillance de masse, de contrôle de la population palestinienne. Nous avons documenté à Hébron et à Jérusalem-Est, où les personnes, chaque fois qu'elles passent le checkpoint, sont photographiées, sont fichées, sont encartées. Tout ça est relié à une immense base de données, appelée "Wolf Pack". C'est vraiment pour contrôler la population palestinienne et ça fait partie du système d'apartheid.
"Cela met la population palestinienne sous l'oppression, les Palestiniens n'osent plus se promener, parfois elle est même empêchée de faire ses courses, de sortir de chez elle."
Jean-Claude Samouiller, président d'Amnesty international Franceà franceinfo
En quoi est-ce une menace pour les droits des Palestiniens d'être fichés, photographiés par ce système de reconnaissance faciale ?
À Hébron par exemple, s'ils passent au point de contrôle et qu'ils ne sont pas fichés, ils ne peuvent pas sortir de leur quartier, ne peuvent pas faire leurs courses, ne peuvent pas aller au travail, ne peuvent pas se faire soigner. C'est une restriction dramatique de la liberté de circulation et une violation du droit à la vie privée. C'est une restriction au droit d'expression, de manifestation et d'association.
Quels sont les garde-fous qui peuvent exister sur l'utilisation de ce système de reconnaissance faciale ?
Nous demandons le retrait et l'arrêt de cette technologie numérique. Amnesty International dénonce cette situation aujourd'hui en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, mais l'a dénoncé également aux États-Unis, en Inde ou en Chine, notamment dans le Xinjiang, avec les populations ouïghoures. Nous demandons l'interdiction absolue de tous ces systèmes de reconnaissance faciale qui sont des systèmes de surveillance de masse et qui, par nature, violent les droits humains.
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