L'alya des Juifs français en net recul sur l'année 2016
Après plusieurs années consécutives de hausse, l'immigration des Juifs de France en Israël a ralenti en 2016.
En 2015, 7 400 Juifs français avaient quitté leur pays pour rejoindre Israël. En 2016, ils ne devraient être que 5 100 à en faire autant, selon les premières estimations du journal israélien Haaretz. L'alya, l'installation en Israël des Juifs venus d'ailleurs, avait connu un nouvel élan depuis 2012, sous la pression sécuritaire. Marqués par les attentats commis à l'école juive Ozar-Hatorah à Toulouse en mars 2012 et au magasin Hyper Cacher à Paris en janvier 2015, une partie des Juifs traditionalistes français avaient décidé de rejoindre Israël. Mais cette tendance s'essouffle.
Si les estimations pour l'année 2016 restent bien supérieures aux chiffres d'avant 2012, cette baisse significative laisse envisager une fin de cycle. L'universitaire Dov Maïmon, membre du groupe d'experts de l'Agence juive, considère que les Juifs restés dans leur pays d'origine sont aujourd'hui plus difficiles à convaincre : "Ils font des calculs de rentabilité et ne partiront en Israël que si on leur propose une possibilité de venir sans subir une trop grande baisse de leur niveau de vie."
Une intégration souhaitée, mais difficile
Ces réticences marquent aussi l'incapacité d'Israël à intégrer ses nouveaux immigrants. Le problème est à la fois administratif et professionnel. Malgré les appels des pouvoirs publics poussant les Juifs à faire leur alya, le pays n'a pas levé toutes les barrières. "Les institutions israéliennes n'ont pas pris la juste mesure et n'ont pas su proposer des services adaptés", affirme Avi Zana, directeur général de l'association Alya et meilleure intégration (AMI).
Si elle veut être une terre d'intégration, il faut que la société israélienne s'adapte
Avi Zana, directeur général de l'AMIà franceinfo
L'équivalence des diplômes est l'un des freins souvent évoqués. "Ça paraît absurde qu'un dentiste français ne puisse pas exercer en Israël", explique ainsi Avi Zana, qui regrette que la législation ne se soit pas adaptée à cette nouvelle immigration venue de pays riches. "Ce n'est qu'un exemple. Il y a toutes sortes d'anachronismes flagrants, qui étaient essentiellement orientés vers des pays plus difficiles." Selon l'Agence juive, environ 20% des Français ayant fait leur alya changent d'avis en raison des freins économiques.
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