"Je ne sais pas s'il faudra occuper Gaza" : malgré la pression internationale, Benyamin Nétanyahou entretient le flou sur le plan d'après-guerre entre Israël et le Hamas

Invité de LCI, jeudi soir, le Premier ministre israélien s'est montré évasif sur les objectifs à terme de l'opération menée dans l'enclave palestinienne et notamment sur la possibilité que l'armée israélienne puisse rester à Gaza une fois les opérations terminées.
Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a donné un entretien à la chaîne LCI, réalisé à distance, jeudi 30 mai. (CAPTURE D'ECRAN LCI)

Des "calomnies antisémites". Dans un entretien à la chaîne LCI, réalisé à distance, jeudi 30 mai, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a qualifié de "calomnies antisémites" le fait qu'Israël soit accusé de cibler des civils ou de les affamer dans la bande de Gaza.

Selon le Premier ministre israélien, "le nombre de pertes civiles relatives aux pertes de combattants" palestiniens était "le taux le plus bas qu'on a vu dans une guerre urbaine". Israël estime en effet qu'environ la moitié des personnes tuées depuis le début de la guerre à Gaza sont des militants du Hamas ou du Jihad islamique.

Quel plan pour l'après-guerre ?

De son côté, l'armée israélienne pilonne toujours le centre et le sud de la bande de Gaza, après avoir annoncé cette semaine contrôler une zone tampon stratégique entre le territoire palestinien et l'Egypte au cœur de son opération contre le Hamas. Aux premières heures de vendredi, des témoins palestiniens ont fait état de frappes israéliennes près de Rafah, nouvel épicentre de la guerre entre Israël et le Hamas en proie jeudi à d'intenses tirs d'artillerie, mais aussi dans le secteur de Nousseirat, dans le centre de l'enclave. Et toujours cette question : quel plan pour l'après-guerre à Gaza ?

Lors de cette interview, dénoncée par quelque 2 500 personnes rassemblées devant le siège de TF1 à Boulogne-Billancourt, le Premier ministre israélien a ainsi rejeté les perspectives de reconnaissance d'un Etat palestinien qui fleurissent à travers le monde, et dont la France considère aujourd'hui que ce n'est plus un "sujet tabou". Avant de se montrer toujours flou sur les objectifs à terme de l'opération menée dans l'enclave palestinienne.

"Il faudra pouvoir entrer dans Gaza à n'importe quel moment"

Benyamin Nétanyahou a ainsi esquissé non pas un plan, mais des mesures qui pourraient être prises pour assurer la sécurité à Gaza. Sans surprise, il estime que c'est Israel qui devrait prendre cette responsabilité. "Je pense qu'il va falloir qu'on ait des responsabilités sécuritaires car il va falloir empêcher la résurgence du Hamas ou d'autres groupes terroristes. J'aimerais bien qu'il y ait une force internationale qui fasse cela, mais je n'en vois pas se dessiner. Et jusqu'à ce que ce soit le cas, ce sera Israël qui sera responsable de la sécurité", a-t-il d'abord annoncé.

Avant de préciser qu'occupation militaire ou pas, dans la vision d'après-guerre du Premier ministre, Israël devra pouvoir librement opérer militairement dans l'enclave palestinienne : "Je ne sais pas s'il faudra occuper Gaza, mais il faudra pouvoir y rentrer à n'importe quel moment pour arrêter les terroristes", a estimé Benyamin Nétanyahou.

Des déclarations qui n'augurent rien de bon quant aux perspectives d'une souveraineté palestinienne sur Gaza réclamée par une large partie de l'opinion internationale : "Donner un État aux Palestiniens maintenant serait la plus belle récompense des terroristes", a taclé Benyamin Nétanyahou.

Principal soutien politique et militaire d'Israël, les Etats-Unis ont ainsi affirmé qu'ils "ne fermaient pas les yeux" sur les victimes à Rafah et qu'Israël a besoin d'un plan pour l'après-guerre dès que possible : "Sans plan pour le jour d'après, il n'y aura pas de jour d'après", a prévenu le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

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