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Israël-Palestine : "Les autorités des deux côtés ont intérêt à voir la situation s’envenimer", dénonce le président du Forum international pour la paix

Les violences de lundi dans la région ont tué au moins 28 personnes du côté israélien et du côté palestinien.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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De la fumée s'échappe d'un entrepôt de pétrole dans la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, le 11 mai 2021. (JACK GUEZ / AFP)

"Les autorités des deux côtés, ces extrémistes, ont intérêt à voir la situation s’envenimer", a dénoncé mardi 11 mai sur franceinfo Ofer Bronchtein, président du Forum international pour la paix, ancien collaborateur d’Yitzhak Rabin et chargé de mission par Emmanuel Macron pour le rapprochement israélo-palestinien, alors que l'on a appris mardi qu'au moins 26 Palestiniens et deux Israéliennes sont morts dans des échanges de roquettes et de frappes entre la bande de Gaza et le sud d’Israël. "Ces extrémistes ne représentent pas la volonté des Israéliens et des Palestiniens", a-t-il ajouté, en assurant qu’il "n’y a pas d’autre alternative que de retrouver le chemin du dialogue et de la paix".

franceinfo : L'engrenage actuel vous paraît-il pouvoir se stopper et s’apaiser ?

Ofer Bronchtein : Jérusalem est une poudrière et malheureusement, les pyromanes dans la région ne manquent pas. Il est évident qu’Israël ne peut pas accepter qu’on lui tire des missiles dessus et qu'il y ait des victimes. D'un autre côté, le Hamas ne peut pas accepter qu'Israël empêche, à deux jours de la fin du ramadan, des fidèles de venir prier dans la mosquée al-Aqsa, sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem. Tous ces ingrédients ont provoqué une crise énorme. Nous avons aussi vu des centaines de blessés ces derniers jours à Jérusalem. Nous avons vu la police israélienne rentrer à l'intérieur même de la mosquée, ce qui est un fait très rare. Tous ces faits ont ont créé l’étincelle qui a fait sauter cette poudrière qu’est Jérusalem.

Des partisans du dialogue existent-ils encore aujourd’hui ?

Lorsque la violence prend le pas sur la réconciliation, il est très difficile d’entendre ces voix pour la paix. Il y a des Israéliens et des Palestiniens qui veulent aller de l’avant et qui collaborent au quotidien entre eux, mais leur voix, malheureusement, ne se fait pas entendre. Il y a de nombreuses organisations israéliennes et palestiniennes qui n’acceptent pas le fait qu'à chaque fois, les extrémistes dictent leur ordre du jour à la population car ces extrémistes ne représentent pas la volonté des Israéliens et des Palestiniens.

Il a été dit : "Un oeil pour un oeil, ils deviendront tous aveugles." C'est exactement ce qui se passe en ce moment entre Israéliens et Palestiniens. Les autorités des deux côtés, les extrémistes des deux côtés, ont intérêt à voir la situation s’envenimer, mais c’est encore une fois la population israélienne et palestinienne qui en paie le prix.

Qu’est-ce qui maintient chez vous une forme d'espoir de dialogue ?

Il n’y a pas d'autre alternative. À un moment donné, les Israéliens et les Palestiniens devront obligatoirement retrouver le chemin du dialogue, obligatoirement retrouver le chemin de la coopération, obligatoirement retrouver le chemin de la paix. Il n'y a pas d'autre alternative. La violence, on la connaît, ça ne règle pas le problème. Tous les quelques mois, on voit un conflit entre Israéliens et Palestiniens à Gaza et ça ne règle pas le conflit.

Ce qui est nécessaire, c'est une détermination et un courage de la part de la communauté internationale, surtout de l'Europe et de la nouvelle administration américaine, pour faire entendre leurs voix et imposer aux uns et aux autres une paix. Malheureusement, il y a trop de sang, trop de blessés, trop de poison et trop de morts qui pour l’instant séparent les Israéliens et les Palestiniens de cette paix, mais on y arrivera.

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