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"Ici, on se réveille tous les matins avec le bruit des explosions" : en Cisjordanie, la ville de Tulkarem est en train de devenir une poudrière

Bien que loin de Gaza et des combats entre l'armée israélienne et le Hamas, la situation est particulièrement tendue en Cisjordanie. Des accrochages entre Palestiniens et colons ou militaires israéliens se multiplient.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des centaines de personnes, dont certains combattants armés, ont assisté aux obsèques de sept Palestiniens, tués lors d'une opération de l'armée israélienne dans la ville et le camp de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie occupée, mercredi 15 novembre. (JAAFAR ASHTIYEH / AFP)

La situation en Cisjordanie reste très tendue. Des accrochages entre Palestiniens et colons ou militaires israéliens se multiplient, alors que Gaza s’enfonce dans une crise humanitaire. A Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie occupée, sept Palestiniens ont été tués lors d'une opération de l'armée israélienne dans la ville et le camp situé dans le nord de la Cisjordanie occupée, a indiqué mardi le directeur de l'hôpital local. Lors des obsèques, où des centaines de personnes ont défilé dans les rues, dont certains cagoulés et armés, comme un signe de la tension ambiante. La ville est en train de devenir une poudrière, un nouveau cauchemar sécuritaire pour Israël.

Le corps de Saïd Tahim est le dernier à être sorti de chez lui. Il rejoint la dépouille de deux autres jeunes tués la veille, le plus vieux avait 23 ans. Les corps sont portés jusqu’au cimetière, sous les prières, entrecoupées de coups de feu tirés en l'air. C'est là où Ahmed Radab a enterré son fils unique la semaine dernière, lui aussi tué par l’armée israélienne : "Nos enfants sont la chose la plus précieuse pour nous. Mais quand Dieu nous les rappelle, c'est notre destin. Que mon fils soit un civil ou un résistant, je dois dire que j'étais surpris de voir quelles ont été ses actions. J'approuve ce qu'il a fait, et si je peux prendre son relais et continuer dans ses pas, je le ferai."

"Quand une balle rentre dans une maison, elle ne fait pas de distinction"

 Le cortège funéraire est escorté par des hommes en armes, bandeaux autour de la tête : jaune pour le Fatah, noir pour le jihad islamique, vert pour le Hamas - très prisé chez les enfants - et, enfin, noir et blanc. Il s'agit des couleurs d'un nouveau groupe, apparu tout récemment, sans annonce officielle : il se fait appeler l’"Armée de Dieu", comme il est écrit sur les tee-shirts de ses membres pour la plupart cagoulés. Ici, ils appellent les armées arabes à renverser leurs dirigeants. Plus tard, en fin de cortège, ils lancent un appel au Jihad.

Moussab est un jeune de Tulkarem qui a choisi les mots, plutôt que les armes. Ils sont aussi percutants que sa colère est vive : "Ici, on se réveille tous les matins avec le bruit des explosions et des tirs. Les enfants dorment dans leur chambre, et quand une balle rentre dans une maison, elle ne fait pas la distinction entre un enfant, un adulte, un civil ou un résistant. Vous savez, je ne veux pas sacrifier ma vie, je veux vivre. Ce que nous voulons, c'est une vie faite de respect. S'il n'y a pas de dignité, alors nous préférons ne pas vivre."

Pendant toutes les funérailles, un drone israélien a survolé Tulkarem. La ville est à une quinzaine de kilomètres seulement de la côte israélienne.

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