Guerre Israël-Hamas : qu'est-ce que le "corridor de Philadelphie", situé à la frontière entre Gaza et l'Egypte ?

Ce couloir a été établi comme une zone tampon entre la bande de Gaza et l'Egypte après les accords de camp David à la fin des années 1970. Pour l'Etat hébreu, le contrôle de cette route redevenait primordial dans sa guerre contre le Hamas.
Article rédigé par franceinfo
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Au niveau de la frontière égyptienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, près d'un camp de Palestiniens déplacés, le 24 janvier 2024. (AFP)

Une nouvelle étape de l'offensive sur Rafah. L'armée israélienne a annoncé jeudi 30 mai avoir pris le contrôle du "corridor de Philadelphie", cette zone tampon entre la bande de Gaza et l'Égypte. Elle a également affirmé avoir découvert une vingtaine de tunnels dans le secteur frontalier. Cette zone était encore il y a quelques heures l'unique frontière qui échappait au contrôle des Israéliens. 

Le blocus de la bande de Gaza est désormais total pour Tsahal. L'armée a ainsi disposé ses hommes sur l'essentiel des 14 kilomètres du "corridor". Seule la partie septentrionale, au bord de la mer, près du camp de déplacés d'Al Mawasi, n'est pas physiquement occupée. Elle est cependant sous surveillance et à portée de tirs. 

Concrètement, ce couloir, connu aussi sous le nom de "corridor de Saladin", est la route qui borde la frontière de Gaza avec l'Egypte. Il s'agit d'une bande de terre de 14 kilomètres de long et 100 mètres de large. Avec la guerre en cours dans l'enclave palestinienne entre Israël et le Hamas, cette route était redevenue un enjeu stratégique pour l'État hébreu.

Le corridor de Philadelphie est une zone tampon entre la bande de Gaza et l'Egypte. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Ce couloir a été établi comme une zone tampon après les accords de camp David, rappelle le quotidien libanais L'Orient-Le jour. Ces accords signés par l'Égypte et Israël en septembre 1978, suivis d'un traité de paix l'année suivante, mettent fin à trente ans de conflit entre les deux pays. Détenue par Israël depuis la guerre des Six-jours en 1967, la région du Sinaï est restituée à l'Égypte mais Israël continue de contrôler le corridor. L'État hébreu présent à Gaza pouvait ainsi se prémunir d'une attaque et éviter la circulation des armes entre l'enclave palestinienne et l'Egypte. Ce nom de "Philadelphie" serait d'ailleurs lié à un nom de code utilisé par l'armée israélienne pour la zone frontalière. Quand l'État hébreu a décidé de partir de Gaza en 2005, le corridor passe sous contrôle égyptien, rappelle La Croix. En reprenant la main sur la frontière avec Gaza, Le Caire s'engage à lutter contre le trafic d'armes.

Des tensions avec l'Egypte

Avec la guerre contre le Hamas, le contrôle de cette route redevenait primordial pour l'Etat hébreu. "Le corridor de Philadelphie doit être entre nos mains et sous notre contrôle, et tout arrangement autre que celui-là ne sera pas accepté par Israël", avait déclaré Benyamin Nétanyahou dans une conférence de presse le 30 décembre. De quoi raviver les tensions entre les deux pays. "Toute démarche israélienne visant à occuper l'axe Philadelphie dans la Bande de Gaza, fera peser une grave et sérieuse menace sur les relations égypto-israéliennes", avait ainsi déclaré fin janvier le chef de l'Organisme général égyptien de l'information, Diaa Rashwan.

La pression s'intensifie avec l'ordre donné à l'armée israélienne de préparer une offensive sur Rafah, à proximité donc du corridor. Fin janvier, Diaa Rashwan expliquait que les frontières de son pays "ne seront pas prises en otage par un groupe de dirigeants israéliens extrémistes".

Selon le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, "Le corridor de Philadelphie servait de ligne de vie au Hamas qui faisaient entrer des armes clandestinement dans la bande de Gaza. Cette réussite est le résultat d'une opération menée par la 162ème division qui combat dans la région de Rafah ces dernières semaines." Une information immédiatement démentie par un responsable égyptien, qui a affirmé que ces allégations servaient à justifier la poursuite de l'opération à Gaza. A la mi-mai, le Caire avait annoncé vouloir s'associer à la plainte de l'Afrique du sud devant la Cour internationale de Justice pour faire cesser l'offensive à Rafah.

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