Guerre Israël-Hamas : "Nous ne pourrons pas continuer nos opérations humanitaires à partir de la fin février", alerte l'Unrwa

Plusieurs pays donateurs ont suspendu leur financement à l'agence onusienne en raison des accusations d'Israël contre plusieurs de ses employés qui auraient participé à l'attaque du 7-Octobre. L'Unrwa rappelle qu'elle est "au cœur de l'action humanitaire de Gaza" et que la population "commence à mourir de faim".
Article rédigé par franceinfo
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Un camion de l’Unrwa, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient, s'apprête à franchir le point de passage entre l'Égypte et la bande de Gaza, le 22 novembre 2023. (KHALED DESOUKI / AFP)

"Nous ne pourrons pas continuer nos opérations humanitaires, qui sauvent réellement des vies, à partir de la fin février", a souligné jeudi 1er février sur franceinfo Tamara Alrifai, directrice des relations extérieures et de la communication de l’Unrwa, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient.

L'agence onusienne est dans la tourmente depuis qu'Israël accuse douze de ses membres d'avoir participé aux attaques du 7 octobre. Plusieurs pays, dont la France, ont suspendu leur financement. "La suspension de financement à l'Unrwa risque d'avoir un effet encore plus catastrophique, sur une population qui a presque tout perdu", a-t-elle alerté. "Pour l'instant, nous avons arrêté les contrats et mis à la porte déjà douze employés avant même de commencer cette enquête parce que nous prenons cette histoire très au sérieux", a poursuivi Tamara Alrifai. Mais le compte à rebours a commencé pour l'Unrwa : "Nous avons maintenant un mois pour rassurer nos bailleurs de fonds", a-t-elle précisé.

franceinfo : Quelles conséquences la suspension du financement par certains pays contributeurs va-t- elle avoir sur votre action ?

Tamara Alrifai : Nous sommes au cœur de la polémique, en effet, mais nous sommes surtout au cœur de l'action humanitaire de Gaza aujourd'hui. Nous sommes l'agence humanitaire la plus étendue, la plus grande, avec 13 000 employés. Nous sommes l'agence qui gère les abris pour plus d'un million de personnes.

"Nous sommes l'agence qui distribue la nourriture à plus de 1,9 million de personnes."

Tamara Alrifai de l’Unrwa

à franceinfo

Nous sommes à Gaza, où plus de 1,7 million de personnes, 75% de la population de Gaza se trouve aujourd'hui déplacée et en déplacement continu. En bref, la suspension de financement à l'Unrwa risque d'avoir un effet encore plus catastrophique, si c'est possible, sur une population qui a presque tout perdu.

Que répondez-vous aux accusations d'Israël ?

L'Unrwa, c'est 13 000 employés à Gaza, 33 000 employés dans la région et souvent la seule organisation humanitaire qui s'occupe d'une population de réfugiés palestiniens très vulnérables, qui leur offre des écoles, des centres de santé primaires, de la nourriture. Nous sommes donc irremplaçables. Nous avons condamné dans les termes les plus fermes les attaques du 7 octobre sur Israël. Nous avons appelé à la libération de tous les otages et à leur retour à leurs familles. En recevant les allégations, je dis bien des allégations, du gouvernement israélien à propos de la possible implication de douze de nos employés, douze sur 13 000 à Gaza, nous avons été évidemment horrifiés. Le commissaire général de l'Unrwa a immédiatement mis fin à leur contrat avant même de commencer une enquête, car nous avons estimé que ces allégations étaient très graves. Nous avons contacté le secrétaire général des Nations unies, l'autorité la plus élevée aux Nations unies, qui a demandé tout de suite une enquête sur ce qui s'est passé. Ceci dit, nous continuons de travailler, nous continuons malgré les combats, malgré les bombardements et les déplacements qui ne s'arrêtent pas, de distribuer de la farine, de la nourriture et d'essayer de nous occuper de ceux qui continuent à être déplacés. Tout continue à Gaza, la guerre, le déplacement, la faim. Nous avons entendu l'OMS, avertir que toute la population commence à mourir de faim aujourd'hui à Gaza.

Vous avez les moyens financiers de continuer votre mission ?

Nous ne pourrons pas continuer nos opérations humanitaires, qui sauvent réellement des vies, à partir de la fin février. Nous avons maintenant un mois pour rassurer nos bailleurs de fonds, les États qui nous soutiennent, en tout cas, ceux qui ont gelé leurs contributions. Nous avons déjà, en place, les moyens de nous assurer que nos employés réellement sont des employés des Nations unies qui travaillent dans l'humanitaire. Pour ceux pour lesquels on a des preuves qu'ils ont été impliqués dans des actions qui sont contraires aux valeurs des Nations unies, il faut qu'on rassure aussi nos donateurs, qu'on a les moyens de les sanctionner.

"Pour l'instant, nous avons arrêté les contrats, nous avons mis à la porte déjà douze employés parce que nous prenons cette histoire très au sérieux.Nous devons pouvoir rassurer nos donateurs et nous le ferons." 

Tamara Alrifai

à franceinfo

Nous avons tous les règlements internes pour faire en sorte que nos 33 000 employés sont réellement tous, peut-être sauf quelques individus de façon exceptionnelle, des employés des Nations unies avant d'être autre chose.

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